Après avoir suivi les cours Jean Périmony, Elodie Monsenert a poursuivi sa formation en Australie à la Black Swann Company et au Théâtre du Soleil, sous la direction d'Ariane Mnouchkine. Elle a joué Victor Hugo, Musset et de nombreuses créations et participé à plusieurs courts-métrages.
Elle est aujourd'hui à l'affiche de "Mastication" la pièce
adaptée d'Oratio in progress de Patrick Kermann , actuellement à l'affiche du Ciné Théâtre 13, mise en scène par Pierre-Marie Carlier. Elodie, comment abordez-vous les problématiques de la pièce "Mastication" de Patrick Kermann autour de la mort ?
Elodie Monsenert : Je suis toujours perturbée et un peu gênée quand on est face à des salles qui sont mortes de rires, j'ai beaucoup de mal même si au premier degré cela peut être assez caustique, mais je trouve moi, que c'est plutôt glaçant comme texte. Parce que si on écoute vraiment le texte, profondément, il y a des milliards de messages qui passent et c'est un peu effrayant de voir ce que l'humain est capable de faire dans sa vie. Je ne trouve pas le texte si drôle que ça.
C'est vécu comment, quel retour avez-vous sur votre propre vie, puisque le texte nous montre bien que ce qui est non résolu ici-bas ne l'est pas non plus ensuite ?
Elodie Monsenert : C'est la vision de l'auteur, c'est très personnel, c'est sa vision à lui des choses. On peut en avoir une différente. En tant que comédienne, la violence que vous pouvez ressentir comme spectateur, nous on ne peut pas la ressentir. Il y a une distance entre ce que le spectateur ressent, à propos de cette violence des faits, et ce que l'acteur ressent. Ce que j'aimerais énormément c'est m'asseoir dans un fauteuil et regarder ce spectacle, car je ne sais pas ce que donne ce spectacle, je ne peux pas le recevoir comme comédienne. En étant sur scène je le joue, je ne sais pas ce que cela rend.
Ensuite à titre personnel, la spiritualité est très importante pour moi. Il n'y a pas de hasard, j'avais lu avant de lire la pièce beaucoup de livres sur la mort. Le sujet me touche beaucoup, je m'interroge beaucoup sur tous ces sujets. Fondamentalement le message de la pièce, c'est: Vivez, vivez avant qu'il ne soit trop tard ! Les deux dernières phrases du dernier monologue d'Arnaud lors de son avant-dernière intervention symbolisent la pièce: "Et une vie avec Estelle pour oublier, et une mort pour regretter...". Cette phrase symbolise toute la pièce Avant de regretter, vivez. Il faut vivre, à fond, Il y a un message, sans doute, avant de partir, il faudrait que l'on s'aime, aller au-delà de la connerie humaine. Il y a une répétition de la bêtise humaine depuis des siècles dans ce qu'il y a de pire, dans une répétition, sans évolution.
En ce sens la pièce représente ce qu'est la vie, avec ses conneries, avec ses choses fortes, les drôles, les moins drôles. Au final on a l'impression que les êtres humains n'apprennent pas grand chose, n'appréhendent pas ces questions, qu'ils vivent toujours les mêmes choses. On en est encore à faire des guerres, des guerres de religions, c'est quand même grave que l'être humain en soit toujours là, en 2006; Il n'y pas de progrès. Ça ne rentre pas, ça ne s'arrange pas. La mort est une rupture dans le temps, l'effet miroir de la pièce renvoie à des tas de choses. Indépendamment du travail des comédiens, y a-t'il un retour sur soi-même ?
Elodie Monsenert : On ne sait pas lorsque la mort va venir, combien de temps on va rester sur terre. On peut se dire que l'on a le temps, comme se dire le contraire, c'est tellement personnel. J'ai envie de dire: comme on ne sait pas, alors profitons-en. Provoquons les choses, les événements, ne soyons pas dans l'attente. Peut-être que demain je vais mourir, mais je ne regretterai pas car j'ai vécu en conscience.
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