Avant d'entamer une vaste tournée de promotion estivale de sa dernière
livraison Sea Change, Beck Hansen
s'offrait un petit plaisir personnel sous la forme d'une tournée solo
d'une dizaine de dates sur notre vieux continent avec une halte au Grand Rex
en cette fin avril, salle qui comme pour Sigur Ros ou Belle & Sebastian
fait plus que de se prêter à la situation.
Trois guitares sèches, une slide, une électrique, des claviers
et des tabourets : voilà tout l'attirail dont dispose pour ce soir Beck.
Première partie de concert, Beck seul à la guitare acoustique
revisitant "Mutations" ( "Lazy Flies",
"Dead Melodies", "Tropicalia") et le petit
dernier ("Side Of The Road"), le tout orné de deux
reprises pas piquées des hannetons : "Lonesome Whistle"
de Hank Williams et "Kangaroo" de Big Star,
également immortalisée par feu Jeff Buckley. Excellent
début de set, même si la communication (qui dans un tel cadre s'avère
assez fondamentale) avec le public manque quelque peu à l'appel.
Le blondinet passe ensuite au piano, faisant par la même décoller
le show : "Beechwood Park" des Zombies dans une
interprétation magistrale. Après "Lonesome Tears"
exécutée au piano, il s'installe derrière tout un attirail
électronique de claviers et de samples pour une relecture très
réussie de "Nicotine & Gravy" et de la déchirante
"Debra" qui clôturait son précédent album.
Un peu plus tard, il empoigne enfin cette guitare slide qui trônait depuis
le début du set pour une touchante reprise de "Devil Got My
Woman" de Skip James. L'intensité grimpe encore vers
un niveau himalayen avec une fin de show époustouflante : "Nobody's
Fault But My Own", merveilleuse et une version très réussie
de "Loser" - malheureusement sans son incroyable ligne de
basse - après "Round The Bend" .
Même après un concert franchement excellent, le meilleur reste
encore à venir car le rappel sera anthologique.
A peine de retour sur scène, il demande d'accueillir Nicolas
Godin et Jean-Benoît Dunckel : même si
ce n'est qu'une demi-surprise, il faut néanmoins avouer que peu de gens
avaient vu venir le coup. Les deux comparses de Air s'installent
au piano et à la guitare pour délivrer la première version
live de "The Vagabond" (figurant en plage 4 du trop souvent
sous-estimé "10000 Hertz Legend" ). Magnifique
!
Beck continue ensuite sur sa lancée et reprend sa slide, tout simplement
pour annoncer sa meilleure chanson "Whiskeyclone" , toujours
featuring messieurs Godin et Dunckel. Bouleversant !
Après avoir salué et remercié les deux versaillais, Beck
se prépare à enchaîner sur un titre à la sèche
quand un hurleur plus efficace que les autres lui demande une chanson ( "Mexico").
Jusque là, rien de très innovant, sauf que l'ami Beck est intrigué
: un fan connaissant un titre écrit voilà 12 ans et dont lui-même
a évidemment oublié les paroles... Pour fêter ça,
il invite tout bonnement l'inconnu (lequel ne se dégonfle pas) à
pousser la chansonnette avec lui - le public retenant son souffle tant la situation
semble complètement surréaliste -. Historique !
Après avoir abandonné sa six-cordes, le petit fils de Al
Hansen se met au piano pour déposséder John Lennon
de "Love" (sur "Plastic Ono Band") avant de s'éclipser
et de revenir pour une version a cappella de "One Foot In The Grave"
, en guise de "And We Bid You Goodnight" . Royal !
Pour faire simple, c'est ici et ici seulement qu'il fallait passer sa soirée
du 22 avril 2003 à Paris. 3500 personnes peuvent en témoigner..... |