Revoilà donc ce vieux briscard de Bob Mould. Encore un vieux qui ressort de nulle part, me direz-vous. Comme si, le rock revenant à la mode, on manquait de jeunes talents et qu'on pioche dans la réserve pour alimenter la demande.
Un vieux certes mais qui, au fil des ans et bien que de façon irrégulière, est resté en première ligne du front rock.
Bref résumé pour nos lecteurs de moins de 30 ans, Bob Mould c'est Husker Dü, et puis plus tard Sugar et récemment BlowOff. C'est du rock depuis 1980 sans débrancher les guitares, toujours quelque part à bourdonner dans nos caboches au rythme de "Tilted" ou de "A good idea" (sur l’album Copper Blue).
En fait, Bob Mould, c'est un peu celui sans qui...
Celui sans qui nous n'aurions jamais osé dire que l'on écoutait du gros rock, limite hardeux. Celui sans qui Franck Black n’aurait jamais été autre chose qu’un gros poupon bruyant, celui sans qui Chris Novoselic et ses Foo Fighters n'auraient peut-être jamais osé chanter comme ... Bob Mould. Celui sans qui nos oreilles seraient vierges de tout sifflement, la nuit quand le réfrigérateur cesse son ronron.
Bob Mould, c'est quand même, vous l'aurez compris, un peu le guide spirituel de nos jeunes années auteur d'un album culte intitulé Beaster, sous le nom de Sugar. Ce disque, très court est incroyable d'énergie, torturé et jubilatoire, une réussite totale et que je vous conseille plus que vivement, tant une discothèque sans son Beaster ressemblerait à un Niko 1er sans ses talonnettes.
District line est la nouvelle cuvée de Bob Mould, tout seul, sans Sugar, sans Husker Dü et, au risque d'être décevant, sans l'âme vive de ses précédents disques.
Pourtant, une grosse moitié du disque est de haute volée, largement de quoi satisfaire nos plus bas instincts rock'n roll. Et même, je serais bien en peine de vous expliquer pourquoi exactement ça cloche. Peut-être que les bricolages electro de "Miniature parade" m'emmerde ? Ou bien a cause de ce faux air de Bowie sur "Again and Again" au solo de guitare un peu too much ?
Mais ces petites faiblesses sont compensées par l'énergie de "Stupid now" ou de "Very temporary" sur lesquels on retrouve la patte Husker Dü et les ingrédients qui nous faisaient craquer par le passé.
Moins immédiat que ses albums précédents, District line est tout de même un bon album de rock qui tâche. L'homme vieillit et a toujours son mot à dire, plus que jamais, les chansons sont plus longues et verbeuses comme "Who needs to dream" ("who needs to dream ? I don't want to dream about this future", toujours rebel le Bob).
Plus posé, plus pop, plus bavard, District line reste un album de Bob Mould. Et on aime ca, finalement. |