Dans
le cadre de la 5ème édition de la Biennale Internationale
de la Marionnette, Cécile Léna,
scénographe, créatrice de costumes et plasticienne,
présente une exposition atypique et totalement enthousiasmante
qui ouvre le champ des possibles de la représentation
narrative, voire théâtrale.
En effet, dans l'installation-spectacle "L'Espace
s'Efface, le spectateur est mis en situation d'un voyeur
gullivérien qui introduit son regard dans une maison
vide pour découvrir son histoire et celle de ses occupants
et qui va y projeter la sienne ou ses réminiscences littéraires
ou cinétiques.
L'exposition se déroule selon un parcours en quatre
étapes constitué par des maquettes sonores et
lumineuses reproduisant des espaces imaginaires, en résonance
avec ceux d'une maison coloniale, rythmé par une bande-son
avec des bruitages soigneusement choisis et de belles voix,
celles des comédiens Hélène Babu et Thibault
de Montalembert distillant des extraits de poèmes de
Fernando Pessoa, qui induisent de puissants phénomènes
mnésiques.
Dans la maison vide
Dans
le noir, face à ces boites à souvenirs, boîtes
à fantasmes, boîtes à romans non écrits,
le visiteur devient auteur, écrit une histoire éphémère
qui n'appartiendra qu'à lui et dont il sera le seul spectateur.
Devant ces magnifiques réalisations aux perspectives
plurielles selon la lumière qui rappellent, en plus complexes,
les "états des lieux" de Charles Matton, on
pense aux tableaux d'Edward Hopper, en l'absence de personnages,
à la chanson "Dans la maison vide" de Michel
Polnareff, à Marguerite Duras..
Cécile Léna a ainsi conçu et réalisé
une extraordinaire et exceptionnelle déambulation romanesque
dans ces pièces reconstituées de façon
très réaliste et minutieuse afin de porter, comme
elle l'indique, "une absence présente". Fondée
sur la complémentarité pluridisciplinaire, elle
ouvre de belle manière les champs du possible et de la
réflexion sur la représentation théâtrale
notamment. |