Epopée
burlesque écrite, mise en scène et interprétée
par Damien Ricour.
Damien Ricour avait enflammé la scène de la Manufacture
des Abbesses avec " Pourquoi j'ai mangé mon père ",
une épopée philosophico-rupestre de l'ère
glaciaire avec une percutante et amusante adaptation du roman
éponyme de Roy Lewis. Il y incarnait tous les personnages
avec une pétulance et une énergie survitaminée
procédant aussi par mime et bruitage, à la manière
de Eric Métayer, pour esquisser et animer le paysage
et l'action.
Suivant le même protocole théâtral, il propose
un nouveau seul en scène " L'étrange regard
du rêveur " à partir d'un texte original, dont
il est l'auteur, qui officie dans un registre réalistico-poétique
et qui entraîne le spectateur dans un passé relativement
récent du temps des petits cirques de troisième
zone qui sillonnaient la province et animaient les places de
village l'espace d'une soirée avec quelques numéros
qui ne relevaient pas forcément du grand art circassien.
Ce soir dans votre ville, c'est le cirque Maldinos qui a planté
son chapiteau mais, ce jour-là, les saltimbanques ne
sont pas les bienvenus dans la bien-nommée Croqueville
qui a répondu négativement à sa demande
via l'intendant Luigi, toujours entre deux vins, entre jour
et nuit, entre rêve et réalité, qui a mangé
l'information déclenchant la colère du directeur.
Luigi, sommé de quitter le cirque, doit prendre seul
la route suivi de son jeune fils, l'acrobate Zijo. C'est ce
moment des relations père-fils que Damien Ricour a choisi
de relater et de porter sur scène avec pudeur et poésie.
Sans accessoire, Damien Ricour brosse le portrait de tous les
personnages, tous hauts en couleurs avec dextérité
et leur prête sa voix pour mimer des scènes cocasses
ou cruelles, qui sont comme la vie, et de réalisme fellinien
qui n'est pas sans évoquer l'univers humaniste de "La
strada". Et il réussit là une belle performance. |