Comédie
darmatique de Frédéric Sabrou, mise en scène
de Catherine Schaub, avec Isabelle Hétier, Pascal Laurent
et Philippe Quercy.
"La mémoire d'un autre" utilise l'argument de la substitution de personnalité, qui n'est pas une thématique nouvelle, mais qui est ici habilement déclinée selon le procédé de l'exotransfusion progressive par Frédéric Sabrou.
Ce dernier a écrit une comédie drôle et bon enfant, aux dialogues qui font souvent mouche et plus finaude qu'il n'y paraît, qui comporte une amusante satire sociale et un dénouement aussi pragmatique et loufoque que cynique et prévisible.
Tout se passe dans une HLM du 9-3, où, empêtrée dans le fil de son aspirateur, une jeune femme qui n'a pas inventé l'eau chaude, se heurtant à une porte de placard, subit une légère commotion cérébrale qui déclenche un bien étrange phénomène de porosité cérébrale aux souvenirs d'une autre personne, en l'espèce, celle d'un patron bourgeois.
La suite coule de source : l'interconnexion cérébrale entraîne la mise en présence de deux mondes opposés qui s'affrontent régulièrement sur le terrain des valeurs et des luttes sociales et, en l'occurrence, sur scène, sur le plan verbal qui n'en est pas moins virulent .
Sans chercher le second degré ou l'intellectualisation, Catherine Schaub met efficacement en scène un trio de bons comédiens qui évitent de verser dans la caricature. La confrontation du mari, ouvrier et syndicaliste élevé au lait communiste depuis sa tendre enfance qui carbure au son de l'Internationale et au pastis, exploitateur à domicile de sa propre épouse (Pascal Laurent parfait dans la beaufitude primaire) et du patron de la gauche-caviar particulièrement roué sans être franchement antipathique (Philippe Quercy délicieux surtout quand il devient mou du bulbe) est haute en couleurs et en rires même si elle est parfois un peu réductrice.
Entre les deux, Isabelle Hétier, épatante, maîtrise bien l'évolution progressive mais radicale que va subir son personnage de Chantal qui prend goût à la vie dorée d'une Marie-Chantal. |