Gérard de Cortanze, écrivain, essayiste, traducteur et critique littéraire, membre de l'Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises de Belgique et directeur de la collection Folio/Biographies chez Gallimard, est épris de la langue française qu'il décrit comme "une terre de promesses et une espérance".
Aussi, a-t-il réuni sous le titre "Passion de la langue française" des extraits de textes qui traitent de l'amour, de la place et du rôle de la langue française pour appuyer la conviction profonde qui l'anime en ce domaine. Car écrit-il "la langue française, celle de la francophonie, telle qu'elle est, parmi les autres, telles qu'elles sont, sous peine de danger mortel, se doit de viser haut et de se tenir droite".
Depuis le Haut comité pour la défense et l'expansion de la langue française créé en 1966, de nombreuses institutions et instances étatiques ou non s'occupent de l'état et de l'avenir de la langue française, sujet polémique si'l en est et qui a connu un regain d'actualité avec les débats tant sur l'éducation nationale que sur l'identité nationale dont elle est considérée comme un des éléments essentiels.
Toutefois, la compilation proposée par Gérard de Cortanze, même si en l'espèce et au demeurant elle est "académiquement" ordonnée (de l'histoire, du style, du combat, de la langue, de la francophonie) et comporte des textes écrits du 16ème siècle à nos jours, constitue une sélection subjective et non exhaustive de textes émanant vraisemblablement de ses auteurs de chevet constitués majoritairement d'académiciens.
En conséquence, le lecteur ne doit pas s'attendre ni à un état des lieux du sujet ni à une vision globale et synthétique du problème d'autant que parmi les auteurs distingués figurent peu d'historiens, de linguistes et de philosophes contemporains - étonnant de ne point trouver par exemple Claude Hagège et Alain Finkelkraut - et surtout, peu de représentants des nouvelles générations, la moyenne d'âge des auteurs vivants y figurant, dont les plus jeunes ont la cinquantaine bien tassée, flirtant sans doute avec la septantaine.
Cela étant, la lecture de cet ouvrage, qui ne saurait intervenir, sauf pour le passionné ultime, de manière linéaire et continue mais davantage comme une consultation de thésaurus, permet de la pertinence des sentences énoncées par les idéalistes lyriques ( "A l'élégance de la prononciation française doit répondre, en effet, un visage non moins élégant parce que calme" Léopold Sédar Senghor), les optimistes (le français "terre d'accueil" pour André Brincourt), les alarmistes (le français chef d'œuvre en péril pour Claude Imbert, langue en état de siège pour Jean Dutour), les défaitistes (comme Andrei Makine pour qui "la France est haïe car les français l'ont laissé se vider de sa substance, se transformer en un simple territoire de peuplement, en un petit bout d'Eurasie mondialisée"), les exaltés ("langue qui procure cette ivresse de renommer les choses à neuf, comme au matin du monde" pour François Cheng) ou les partisans de la mondialisation (face à la complainte du français perdu Hélène Carrère d'Encausse prône le multilinguisme).
En définitive, une diversité d'opinions qui, selon un expression du langage courant, n'engagent que leur auteur. |