"Hé ! Manu ! Rentre chez toi, ya des larmes plein ta bière, le bistrot va fermer, puis tu gonfles la taulière"… Manu ! Manuuuu ! Non mais qu’est-ce qui t’as pris ? Ah ? Vous êtes là vous ? Vous avez entendu Manu ? Manu ? Quel Manu ? Da Silva ! Oui, celui-là même ! Le type de la ritournelle de l’Indécision.
Il était chez Tôt ou tard, il a déménagé chez PIAS. Sa longue carrière l’a vu prendre des tas de pseudos et faire toutes sortes de musiques, de l’électro au punk en passant par l’acoustique et le chant lyrique (non je rigole, pas le lyrique). Je l’ai rencontré en 2006, avec la douce amertume de l’Indécision, une poésie bienveillante et triste sur la séparation, quand le cœur ne bat plus comme avant.
J’avais retenu de ce bonhomme un son pop-rock agréable, une rengaine touchante et mélancolique, et je m’étais fait l’idée d’un poète romantique. Oui, mais le temps a passé. Et à voir ce qu’il s’est passé depuis 2006 (pas besoin de vous faire un dessin), ça lui a fait perdre des plumes à Manu Da Silva.
Son nouvel album se nomme La distance. Il commence comme ça : "Non je n’ai pas envie de rire avec tous mes congénères" ("Les concessions"). La voix est toujours là, la musique est toujours ce mélange de cordes et de rythmes pop-rock. Mais il est devenu comme l’histoire sombre : très sombre. A croire que le visuel veut dire "prise de tête".
Sur un papier, j’ai lu de lui : "on l’adore ou on le déteste". Bah non, moi je ne l’aime qu’un petit peu, et je ne le déteste pas beaucoup. Il a le verbe élégant et l’espoir en désillusion. Il a la mélodie légère et le chant désabusé. Il serait joyeux de nature. La musique serait donc son foutoir à tristitude. Mouais.
Il faut dire qu’entre "Le repas" (La Cène, c’était la fiesta à côté), "La crise" (une chanson d’amour comme l’histoire sombre : très sombre !, ça a beau être truffé de dzouing acoustiques, je ne peux m’empêcher que l’ambiance envisage le pire, la faute à la thématique), "L’escalier" (séparation douloureuse… Je l’avais bien dit !), "La distance" (qu’il ne tient plus)… Da Silva devient un synonyme de pluie, nuit à 17 heures, pare-brise gelé, état grippal… Brrrr.
Certains aimeront, c’est certain. D’autres apprécieront, c’est autre chose. Mais il me file un cafard moi ce bonhomme, ce n’est pas croyable, et il me semble que je ne suis pas la seule.
Hé ! Manu ! Mange des papillotes ! Dans la dernière, j’ai trouvé : "Si vous voulez que la vie vous sourit, apportez-lui d’abord votre bonne humeur !" (Spinoza ! Si si !). |