Monologue dramatique écrite et mise en scène par Thierry Mourjan, interprété par Maud Imbert.

Un drap blanc sur le sol, deux fauteuils eux aussi recouverts d’un drap blanc. Tout n’est que blancheur quand apparaît sur scène une grande fille en pyjama de coton blanc, avec dans une main une petite valise…

C’est un être bien particulier qu’incarne cette jeune femme qui a en elle quelque chose de la beauté d’Audrey Hepburn et dans la voix quelque chose d’Anouk Grinberg, mais qui, en deux ou trois minutes, balaie toutes les comparaisons.

Elle s’appelle Maud Imbert et impose son talent immédiatement, sans avoir à convaincre qu’elle possède toute la palette d’une vraie actrice. Dès qu’elle parle, on sait que sa diction sera parfaite, qu’elle captera toutes les attentions sans avoir besoin d’en faire beaucoup, qu’elle va emmener les spectateurs dans un beau voyage au bout de l’émotion théâtrale.

On ne la connaît pas, on sait simplement qu’elle doit interpréter un fœtus dans la bulle du ventre maternel et l’on se dit, avant d’être rassuré par son charisme assuré, par ce mélange délicat qui la fait naviguer entre gentillesse naïve et curiosité étonnée, qu’elle s’est embarquée dans un pari bien difficile pour une jeune actrice.

C’était mal la méconnaître ! Elle s’empare de "Je suis né le jour de mon anniversaire" de Thierry Mourjan avec un bel appétit, ne se tolère que de brèves pauses entre ombre et lumière et réussit à donner sens à ce périple mystérieux du non-être à l’être.

Elle est sans doute aidée par un texte qui travaille son sujet avec subtilité, sans tomber ni dans la nunucherie ni dans la vulgarité. D’emblée, Thierry Mourjan, par ailleurs metteur en scène de "Je suis né le jour de ma naissance", s’autorise une question vitale : "Naître ou ne pas naître ?".

Si son texte a parfois des allures de dissertation de Normalien, il sait charmer par des variations d'écriture inattendues mélodieusement rendues par Maud Imbert.

On appréciera particulièrement le passage qui pouvait être fatal, celui de l’accouchement, quand le fœtus se jette dans le vide pour plonger sans parachute dans l'inconnu de la vie. Là encore Thierry Mourjan évite tous les écueils et Maud Imbert, soudain débordante d'énergie joyeuse, rend passionnante la métamorphose du fœtus en bébé.

Il ne faut donc pas rater "Je suis né le jour de mon anniversaire" de Thierry Mourjan et répéter encore une fois le nom d’une actrice qui mérite qu’on reparle d’elle, et qui fera parler d’elle : Maud Imbert.