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Cécile Ladjali  (Actes Sud)  janvier 2012

Située entre le Kazakhstan au et l'Ouzbékistan, la Mer d’Aral était une paisible étendue d’eau d’un bleu limpide qui faisait rêver plus d’un préhisto-man. Oui mais, la civilisation et ses idées à la con ont décidé de planter du coton en amont, sauf que les champs de cotons dans ces régions, c’est un peu comme faire pousser du riz dans le désert de Gobi, ça manque un peu d’hydratation. Mais c’était sans tenir compte du génie des hommes (ah non, pardon, des ingénieurs en hydraulique avancée) qui pallièrent à ce manque en se servant dans ces fleuves dégoulinants à leur porte : Amou-Daria et Syr-Daria. Sachant qu’ils finissent leur course dans la Mer d’Aral… Conséquence ? Si on coupe un robinet, la baignoire ne se remplit plus !

Voici la triste histoire de la mer d’Aral, inexorablement destinée à l’assèchement total depuis les années 60, elle diminue sans cesse, au point de n’être aujourd’hui qu’une simple flaque dans laquelle barbote une raie solitaire. C’est la trame que Cécile Ladjali choisit pour son roman sobrement intitulé Aral. Dans la petite ville de Nadezhda, au Kazakhstan, dans les années 80, Alexeï et Zena s’aiment avec le même scénario que la mer.

L’étendue de la Mer d’Aral diminue, les maladies et virus prennent d’assaut la ville, les capacités auditives d’Alexeï diminuent, sa paranoïa prend d’assaut son cœur, la confiance qu’Alexeï porte à sa femme diminue, la jalousie prend d’assaut son couple… Zena part. Alexeï reste seul avec son violoncelle et sa musique, il part à la recherche de la huitième note, celle qui aboutirait à "l’éternelle présence"… ça, c’est pour l’histoire telle qu’on doit la résumer (sans raconter la fin, évidemment, une happy end comme il en existe de moins en moins).

Mais au-delà du texte et des mots, Cécile Ladjali fait preuve de la rare qualité de la "plume intelligente", c’est-à-dire qu’elle ne se contente pas de raconter une histoire, à travers son roman, c’est non seulement l’histoire d’un pays qu’elle nous transmet, mais c’est aussi la nôtre. Parce que ses mots font écho aux grandes lignes des vies : le manque de communication d’un couple entrainant une distance de l’un envers l’autre, les catastrophes (pas si naturelles que ça) nées de la folie des hommes, la recherche perpétuelle de l’ultime truc qui nous mènera plus haut vers la sagesse, le passé, la bonne étoile, la force de donner le coup de talon nécessaire à la renaissance…

Alexeï pourrait l’homme "beta", celui qui a servi pour modeler nos histoires… Cherchez bien, vous avez tous eu un moment où tout s’est cassé la figure, où vous vous êtes sentis seuls au milieu de nulle part, au bord d’un lac desséché et sans vie, et puis une étincelle venue de nulle part (ou du fond de vous-même) vous a donné une force pour ré alimenter le puits de votre espoir, comme de nouvelles armes pour affronter le monde avec une vision plus partiale. Oui, vous avez compris, ça s’appelle grandir tout ça...

Pour terminer, malgré une tonalité triste, sur fond de larmes de violoncelle, Cécile Ladjali livre un énième roman frisant la perfection au niveau de la communion du contenu et du contenant, ses personnages prenant la dimension d’idées, et vice versa, des faits incarnés dans de lointains habitants du Kazakhstan, qui cherchent aussi "le chemin qui mène à soi", comme tout un chacun.

Il faut ajouter quand même que cette Cécile ne sort pas de nulle part, elle cumule les casquettes d’enseignante en littérature à la Sorbonne Nouvelle, mais aussi auprès de lycéens sourds, elle a publié plusieurs romans dans des contextes variés (de la première Guerre Mondiale à Hamlet, en passant par l’Angleterre victorienne), chroniqués pour Arte dans une émission littéraire… Une sacré intello qui en a encore à nous apprendre, vivement le prochain bouquin !

 

Nathalie Bachelerie         
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Du côté de la musique :

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"Batist & the 73'" de Batist & The 73'
"El magnifico" de Ed Harcourt
"Big anonymous" de El Perro Del Mar
Petit coup d'oeil sur le Festival Paysage Pop #2
"Until now" de Gabriel Pierre
"A kingdom in a cul-de-sac" de Ha The Unclear
"Dysphorie" de Intrusive Thoughts
"Family affair" de Kokopeli
"La balade sauvage" de Nicolas Paugam
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"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
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"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
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