Comédie dramatique de Charlotte Delbo, mise en scène de Laure Compain-Tregouet, avec Chloé Mahy, Sarah Gaumont et Nathalie Trégouët.
Charlotte Delbo, issue d’un milieu modeste fût l’assistante de Louis Jouvet au Théâtre de l’Athénée. Déportée en 1942 à Auschwitz-Birkenau d’où elle sera rapatriée en 1945, elle écrira ensuite des textes forts sur sa captivité, elle qui réussit à survivre grâce aux classiques de Molière ou Musset qu’elle montait avec ses camarades.
Il n’était pas évident de transposer au théâtre le texte éloquent de Charlotte Delbo "Une connaissance inutile", très littéraire et narratif. La Compagnie des Hauts de Scène (et Laure Compain-Tregouët à qui on doit l’impeccable adaptation) s’en sort brillamment dans une version à trois voix qui fait dire les mots de l’auteur alternativement par le trio de comédiennes.
Dans un jeu habité et faisant bloc avec une grande générosité, Sarah Gaumont (d’une grande présence), Chloé Mahy (très émouvante) et Nathalie Tregouët (grave et touchante) racontent la vie quotidienne des déportés avec des épisodes saisissants (comme celui de la recherche de l’eau) qui montrent leur grande solidarité.
Même si parfois la mise en scène semble un peu trop appuyée et qu’on aimerait plus de sobriété, "Auschwitz et après" réussit à sensibiliser sur les camps, à travers ce témoignage impressionnant retraçant le combat permanent et les difficultés pour ne pas sombrer à chaque moment.
Les scènes évoquant la force de ses prisonnières et l’effort pour retrouver en mémoire les textes des classiques et les rejouer devant leurs camarades sont bouleversantes.
Un très beau spectacle nécessaire qui dit une fois encore l’innommable et la barbarie des hommes. Il nous rappelle le devoir absolu de mémoire et de vie qui nous incombe "parce que ça serait trop bête à la fin que tant soient morts et vous viviez sans rien faire de votre vie". |