Variation théâtrale d'après l'oeuvre éponyme de Henry Miller, mise en scène de Thierry Atlan, avec Roger Miremont et Agathe de la Boulaye.
Pour qui ne connaît pas l'oeuvre éponyme de Henry Miller, le spectacle conçu par Thierry Atlan et Roger Miremont intitulé "Le monde du sexe" et l'affiche illustrée par un dessin érotique de Rodin peuvent laisser accroire à une partition grivoise.
Autant ne pas laisser prospérer les fausses espérances en précisant derechef qu'il s'agit d'une variation théâtrale en forme d'évocation, et d'invocation, de l'écrivain américain qui, certes en son temps, a défrayé la chronique, et pas seulement littéraire, par la publication de romans qui s'affranchissaient de toute pudeur et pudibonderie dans la narration autobiographique de ses amours débridés mais dont cet opus ressortit à l'exploration du moi sous forme d'essai.
Henry Miller ne se départit pas de son écriture autobiographique mais y aborde diverses thématiques telles la spiritualité, le sexe, qui n'est pas l'amour, en tant que pulsion de vie, l'amour de la vie, la mort, l'existence de Dieu et la relation entre l'art et le sacré dont des extraits sont livrés, en l'espèce, sous forme de séquences impressionnistes.
Dans un décor rétro-vintage inspiré du cliché de la chambre-cabinet de travail de l'écrivain qui oeuvrait à la machine à écrire mécanique dans une ambiance jazzy avec la radiodiffusion des standards des années 1950, Roger Miremont campe parfaitement la figure d'un écrivain en sa maturité.
Il soliloque ou devise et se raconte avec pour auditoire une jolie jeune femme anonyme, à laquelle Agathe de la Boulaye apporte une lumineuse présence, dont il est parfois légitime de douter de la réalité physique et qui peut tout aussi bien être la muse, la maîtresse ou un rêve.
Sous la direction de Thierry Atlan, l'exercice, aussi étrange qu'envoûtant, est bien mené et les singularités de la partition, construite comme un biopic spirituel, ne manqueront pas d'interpeller les spectateurs même si d'aucuns trouveront dispensables les projections d'oeuvres d'art et le final avec des images de l'ultime entretien donné par Henry Miller sur son lit de mort.
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