Comédie dramatique de Julien Séchaud, mise en scène de Annie Vergne, avec Ghislain Geiger, Julien Séchaud, Juliette Stevez, Annie Vergne et la participation de Isabelle Delage.
Après "Aimez-vous la nuit ?" qui nous avait permis de découvrir l'écriture sensible de Julien Séchaud, la même équipe présente "Un mardi en novembre" dans une tonalité très proche, et ayant pour thème principaux cette fois la maladie d'Alzheimer et l'absence, sujet théâtraux par excellence mais pas si évidents à traiter.
Dans sa maison Eva, une actrice autrefois sur le devant de la scène, inquiète son entourage et notamment Lisa, sa jeune nièce, qui fait revenir pour l'occasion son fils qui ne lui parle plus pour qu'il établisse un diagnostic.
Ce sera pour celui-ci l'occasion de renouer avec cette mère autoritaire et de découvrir des choses sur son passé. Et cela également grâce à un quatrième protagoniste car en plus de la maladie, plane sur ces personnages le fantôme du fils disparu, Samuel. Il leur apparaît lorsqu'ils sont seuls, va guider les pas de chacun, les aider à se comprendre et à s'accepter.
Par petites touches, l'auteur installe les pièces du puzzle de ce huis-clos familial dont le déclencheur est ce personnage irréel qui permet à chacun de se révéler. Il partage par exemple avec sa mère l'amour du jeu et de la fantaisie, fantaisie qu'elle a perdu a sa mort.
Peu à peu, les choses s'éclaircissent pour le spectacteur tandis que la musique d'Aurélien (superbe partition de Nicolas Van Melle) apaise les tensions . Au final, Julien Séchaud se sort plutôt bien d'un sujet glissant et ajoute une note poétique à l'ensemble dans un texte plein de candeur et d'émotion.
La pièce trouve son dénouement dans une scène magnifique entre les deux frères. Ghislain Geiger et Julien Séchaud sont bouleversants. Annie Vergne tient avec présence et efficacité le rôle d'Eva. Dans le rôle de Lisa enfin, Juliette Stevez, enfantine et espiègle, apporte sa spontanéité.
Avec humilité et sincérité, le Guichet Montparnasse avec Annie Vergne à la mise en scène, propose cette pièce émouvante de Julien Séchaud sur la vie et l'art, les souvenirs, les rapports familiaux mais surtout la fugacité des choses et des êtres. |