Je ne pensais pas dire ça un jour (mais on n’est jamais sûr de rien, n’est-ce pas ?), mais je crois que je suis trop vieille pour ça. Trop vieille pour Jikaëlle. Et pourtant. Jikaëlle est jeune, toute fraîche. Pourvu que la fameuse industrie ne la mange pas toute crue.
Evasions est son premier album. Tout frais, tout beau. Naïf ? Oui, un peu. Mais depuis quand faut-il être un vieux roudoudou pour chanter ? Depuis que les jeunes se sont mis en tête d’être célèbres, pour tout, pour rien, pour être rassurés, pour être adulés… pour être harcelés ? De quoi faire douter la sincérité de tout engagement dorénavant.
Bref, je m’égare (encore !). Nous en étions à Jikaëlle. Imaginons un instant à quoi a pu ressembler sa vie avant la rencontre basculante. Bercée à la chanson française. Elevée aux refrains francophones. Ou la pauvre, ado en pleine vague tectonique. Si elle s’y est essayée, elle n’a pas succombé. La vague folk l’a court-circuité. Et ça va bien mieux à son teint que des rythmes électro saccadés (et ridicules).
Et puis la rencontre. Ce fut un soir. Jikaëlle grattait de la guitare sur une petite scène, toute petite sous le rayon de lumière. Toute timide, habitée par ses chansons. Et déterminée. Qui aborda l’autre le premier ? Je ne sais pas. Peu importe. Toujours est-il que l’homme est séduit par ce petit (ou grand, mais on s’en tape) bout de femme. Sa voix, surtout sa voix. Posée, douce, profonde, hypnotisant. Monsieur Léchot veut la perle.
MyMajorCompany plus tard et le tour est joué : Evasions est là. 14 titres gonflés à la candeur et aux illusions adolescentes. Pas assez de poésie. Du français chanté. Léger. Divertissant.
Au son de sa guitare et de quelques arrangement pianotés par-ci par-là, Jikaëlle chante ses émois. Ses peines de cœur : "tu ne sais pas ce que tu perds" ("Tout a changé maintenant"). Une énième et éternelle métaphore du papillon ("Papillon"), un gros bisou de merci à Bernard Léchot (l’homme) ("Avec des si"), son "île déserte" pas complètement déserte quand même, faut pas abuser, les parisiens qui courent tout le temps ("Pas le temps") et des envies d’ailleurs ("C’est décidé").
Une chose à retenir de tout ça, au cas où vous ne vous retrouvez pas dans les textes, au cas où la musique vous semble trop dépouillée, au cas où vous êtes un vieux con trop blasé (ou une vieille conne trop blasée), Jikaëlle a vraiment un joli bout de brin de voix.
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