C'est donc au Cabaret Vert que se refermera notre tournée estivale des festivals. Un choix sans compromis, étant donné la qualité de la programmation et la réputation déjà bien assise de ce festival exigeant musicalement, mais toujours à taille humaine. Tout est fait, dans cette édition 2017, pour satisfaire les curiosités : un site toujours aussi bien pensé, des espaces de d'innovation (l'IDéal) et de création (l'espace BD) qui ouvrent l'esprit bien au-delà des concerts proposés, du produit local toujours excellent et éco-responsable et une ambiance (très très) festive assurée...
Jeudi 24 août
Tout commence, sur la scène des Illuminations, avec la pop inventive et racée de Grindi Manberg. Depuis 2013, lors d'une antérieure édition du Cabaret vert, quel chemin musical et scénique parcouru ! L'ensemble a savamment pris de la bouteille et se révèle bien moins incertain que dans mes souvenirs. On apprécie la complexité et la discordance d'une pop qui cherche à se singulariser et à se démarquer d'un tout-venant parfois ennuyeux. Une belle progression pour une ouverture locale et justifiée. A découvrir.
The NoFace, sur la scène Zanzibar, démontre assez sereinement, voire avec un bel aplomb, que l'on peut perdre un de ses membres (Matt Bastard pour ne pas le nommer) et opérer un revival tout à fait convaincant : outre l'énergie débordante de l'ensemble, outre la puissance scénique de musiciens déjà rodés, c'est l'éthique du groupe qui intéresse, et l'état d'esprit de ses "sans-visages" menés d'une main de fer par la charismatique chanteuse, Oma Jali. Un projet solide, et fortement plébiscité par le public...
On ne connaissait pas The Orwells, et ce sera sans aucun doute la bonne découverte du jour. Le leader, Mario Cuomo, a tout d'un grand, de sa dégaine ondulante qui habite la scène avec une confiance accrue, à ses jeux avec les photographes déjà conquis. Le groupe est de Chicago, mais rappelle sans hésitation, dans sa furie et le son qu'il déploie, un bon vieux groupe de rock prêt à en découdre avec son public. Excellent.
Alors forcément, la mollesse extrême de la prestation de London Grammar casse complètement le cercle vertueux de ces premières heures de Cabaret vert. Certes, la voix est sublime, certes l'atmosphère douce et planante est là, mais la timidité extrême de Hannah Reid aura eu raison de ce live sans éclat aucun. Une réelle déception.
Histoire de se refaire une santé musicale, on passe au Temps des Cerises pour bouger son corps façon vintage, grâce au Back in Time proposé par quelques DJ du coin. Le public reste cependant clairsemé, plus intéressé, visiblement, par le "raspect crew" (au ton très reggae, vous l'aurez compris) précédent. Pourquoi n'avoir pas gardé la version "Turbodancing" des années antérieures et qui cartonnait sur le site ? Une question à poser aux organisateurs...
Ont-il vieilli ? La réponse est : sans doute, oui, un peu. Mais on aime aussi les Cypress Hill pour ce qu'ils sont : un mythe vivant. Entre "When the shit goes down" et "How I could just kill a man", en passant "I (transformé en We) wanna to get high" et "Hits from the Bang" – on n'ose même pas citer les incontournables "Insane in the brain" et "Tequila sunrise" –, B-Real, Sen Dog, DJ Muggs et Bobo ont opté pour un aperçu des plus grands tubes de Cypress pour faire planer le public à plus d'un titre. On aime aussi le fait que les compères ne se contentent pas de jeter leur show en pâture au chaland : des solis de Muggs et Bobo rythment la deuxième partie du concert, une relation cherche à être nouée dans un petit jeu "side by side", bref, un merveilleux concert !
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