Comédie dramatique écrite et mise en scène par Stéphanie Loïk, Vladimir Barbera, Denis Boyer, Véra Ermakova, Aurore James, Guillaume Laloux et Elsa Ritter.
Une fumée qui enveloppe tout. Dans l’obscurité, seule une douche lumineuse permet de distinguer des silhouettes regroupées qui se déplacent comme au ralenti. Et bientôt parvient les échos d’attentats perpétrés régulièrement à Moscou.
A partir des textes de Svetlana Alexievitch, journaliste biélorusse (Prix Nobel de littérature 2015), Stéphanie Loïk a bâti un singulier travail choral où l’on est saisi d’entrée par le niveau de concentration et d’engagement des six interprètes (Vladimir Barbera, Denis Boyer, Véra Ermakova, Aurore James, Guillaume Laloux et Elsa Ritter), tous époustouflants, qui se meuvent dans une même respiration. D’une maîtrise totale,
"Dix histoires au milieu de nulle part" (qui succède à "La fin de l’homme rouge"), telle une cérémonie incantatoire, fait évoluer ses six comédiens (formés à l’Académie-Ecole Supérieure Professionnelle de Théâtre du Limousin) tous de noir vêtus, dans une osmose absolue, éclairés par les magnifiques lumières de Gérard Gillot pour raconter la vie de femmes et d’hommes dans la Russie de ces vingt dernières années.
Les textes de Svetlana Alexievitch relatent la vie depuis l’éclatement de l’Union soviétique. Des attentats terroristes à Moscou à une histoire d’amour contrariée pendant les exactions de la guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, par les voix du chœur sont restitués tous ces récits qui dessinent un portrait réaliste et grave des pays de l’ex-U.R.S.S.
Les voix, les chants, la chorégraphie, la façon qu’ont les six femmes et hommes de nous transmettre ces témoignages sont éminemment poignants.
D’une densité phénoménale, "Dix histoires au milieu de nulle part", adapté et mis en scène par Stéphanie Loïk, est un spectacle marquant, un de ceux auquel on repense longtemps après par la force des images qu’il procure.
Un admirable travail. |