"Je sens que je ne pourrai plus aimer de jeune fille avant longtemps. Du moins, je les ai pratiquement oubliées. Elles promettent seulement le paradis quand Clara nous le révèle."

"À l'écoute de ta Romance, j'ai entendu une nouvelle fois que nous devions devenir mari et femme. Tu me complètes comme compositeur, de même que moi pour toi. Chacune de tes pensées provient de mon âme, de même que je te dois toute ma musique. (...) En mars, j'ai eu une inspiration semblable, tu la trouveras dans l'Humoresque. Nos affinités sont si étranges". Robert Schumann

C’est une histoire de triangle artistique, musical. Une histoire du sensible, une histoire d’amitié et de passion. C’est une histoire de duo à la dimension fusionnelle entre Clara Wieck et Robert Schumann qui devient trio avec Johannes Brahms. Au milieu de ce trio Clara donc. Bien plus que la simple épouse de Robert. Elle est muse, très grande pianiste, professeur et compositrice talentueuse admirée de Chopin, Mendelssohn, Paganini, ou Liszt... Elle est également femme, dans toute l’acceptation du terme, et mère. Dix grossesses, une position dans l’ombre de son mari et des tâches ménagères qui annihileront toute carrière artistique.

Clara Wieck, une compositrice qui devient Clara Schumann, femme de compositeur qui volontairement abandonne sa plume au profit son mari Robert.

Au centre du disque, le premier mouvement de la célèbre sonate F.A.E. En octobre 1853, Schumann lance l’idée d’une œuvre collective écrite par trois amis musiciens en l’honneur du violoniste Joseph Joachim. Le premier mouvement sera pour Albert Dietrich (1829-1908), le Scherzo pour Brahms, les deux autres mouvements pour Robert Schumann. F.A.E. fait écho à la devise de Joachim : "Frei, aber einsam" ("libre, mais seul"). L’absence de Clara est criante. Elle est due à l'autocensure qu’elle opte et par le manque de soutien et de considération de Robert. Dommage que cette sonate ne soit enregistrée intégralement ici.

De Clara Schumann, on retrouvera dans ce disque les 3 romances op 22 au style vocal et lyrique. Ces conversations entre le piano et le violon aux atmosphères pleines d’émotions.

Se répondent également, en miroir, la tourmentée sonate n°1 de Robert Schumann et la lyrique n°2 de Brahms, liées par la présence en filigrane de Clara et par la tonalité de La.

Fanny Robilliard et Paloma Kouider ont cette complicité musicale, cette flamme intérieure, cette sensibilité nécessaire à cette musique, mais n’occulte jamais un charme intimiste et poétique.