Installez-vous, imaginez-vous dans une église d’Ostrov en République Tchèque. Peut-être entendrez-vous résonner la musique d’Augustin Pfleger. Imaginez-vous au milieu du XVIIe siècle dans le Schleswig luthérien…

Augustin Pfleger est né vers 1635 à Schlackenwerth, en Bohème (aujourd’hui Ostrov donc). Après avoir étudié dans la ville impériale luthérienne libre de Nuremberg avec Johann Erasmus Kindermann, compositeur influencé par la musique italienne, il entre dans sa ville natale en tant que Kapellmeister au service du duc catholique Julius Heinrich von Sachsen-Lauenburg. En 1662, il est vice-Kapellmeister au service de Gustav Adolf, duc de Mecklembourg-Güstrow, qui était de confession luthérienne puis en 1665, il entre au service du duc Christian Albrecht du Schleswig-Holstein-Gottorf. On perd sa trace après son départ de Gottorf en 1673. Il décède dans sa ville natale en 1686. Plus intéressant, son style se situe entre Schütz, Monteverdi, Weckmann ou Buxtehude. Comme de nombreux compositeurs de son époque, Pfleger a dû faire entre culte catholique et luthérien.

Le chef d'orchestre norvégien Martin Wåhlberg, avec les ensembles de Trondheim Vox Nidrosiensis et Orkester Nord, a sélectionné six cantates de Pfleger, qui se combinent, se lient pour former un oratorio de la Passion et racontent "une histoire du Christ à travers une sélection de tableaux". Tout ceci donne un mélange détonnant, où l’histoire, ancien et nouveau testament, se bouscule, tourne sur elle-même. Ici, tout semble drame dans un style proche du récitatif mais avec beaucoup d’expression.

L’interprétation est superbe des instrumentistes comme des chanteurs Natalie Pérez, Gunhild Alsvik, Samuel Boden, Victor Sordo Vicente, Håvard Stensvold. Étonnant mais à découvrir !