J’ai découvert Miriam Toews il y a deux ans déjà avec la publication de son premier roman Ce qu’elles disent. En même temps que je découvrais cette auteure canadienne de qualité, je découvrais aussi les mennonites, une communauté du Manitoba aux Canada ayant aussi des ramifications en Amérique du Sud.
Cet ouvrage atypique tant dans sa construction que dans son style narratif m’avait particulièrement intéressé, venant d’une auteure qui a passé son enfance dans une communauté mennonite. Alors du coup, je ne pouvais pas passer à côté du nouvel ouvrage de Miriam Toews qui viennent de publier les éditions Buchet-Chastel.
Et c’est de nouveau au sein de la communauté mennonite que nous embarque la canadienne pour son nouvel ouvrage intitulé Drôle de tendresse. L’ouvrage tourne autour du personnage de Nomi, une adolescente de seize ans qui ne rêve que d’une chose, celui de prendre le large. Nomi voudrait partir, comme sa mère et sa sœur, loin d’East Village, une austère communauté mennonite. Nomi veut résoudre le mystère qui tourne autour de la disparition de sa mère et de sœur.
Malgré la promesse faite à son père de ne jamais le quitter, elle ne peut se résigner à une vie étriquée avec pour seul avenir un travail à l’abattoir de poulets du coin, une vie dans un village sous l’autorité de son oncle rigide. Alors qu’elle semble sur le point d’élucider le mystère autour de la disparition précipitée de sa mère, elle se retrouve à devoir affronter son oncle et la communauté dans laquelle elle vit.
L’auteur nous raconte autour d’un drame familial comment l’adolescente attend ce grand soir, celui du départ, en laissant libre cours à sa répréhensible passion pour la transgression. Aucun interdit n’échappera au feu qui brûle en elle dans sa quête de liberté. Le titre est particulièrement approprié tant il décrit de façon drôle et tendre cette adolescente partagée entre les vieilles valeurs de sa communauté et son envie de liberté et de modernité.
L’ouvrage évidemment n’oublie pas d’être critique vis-à-vis de cette communauté mennonite nous montrant comment la religion peut détruire une famille, elle qui est responsable du départ de la mère de Nomi. Elle nous montre aussi comment Nomi vit avec inquiétude la rébellion de sa sœur qui l’oblige aussi à fuir la communauté.
Il est particulièrement intéressant de voir (c’est pour cela que l’ouvrage s’appuie sur la jeune fille comme narratrice) la confusion qui traverse l’esprit de cette jeune fille au sein de cette communauté, touché par son fondamentalisme religieux qui cause beaucoup de dégâts dans sa famille.
C’est donc de nouveau un très bel ouvrage que nous proposent les éditions Buchet-Chastel avec ce Drôle de tendresse qui ne laissera insensible personne. |