"Sculpter l’immatériel, rendre visible la mémoire tactile du temps qui passe", ainsi Laurence Engel, la présidente de la Bibliothèque nationale de France, qualifie l'oeuvre du sculpteur italien Giuseppe Penone qui se trouve à l'affiche du lieu avec l'exposition pro-domo "Sève et pensée".
Celle-ci est axée sur une réflexion autour l’écriture et l’imaginaire du livre, imprimé sur du papier issu de fibres végétales, à laquelle il se consacre en associant la sculpture et l’écriture dans une approche intellectuelle et matérielle.
Elaboré en forme de carte blanche et donc en concertation avec Giuseppe Penone, le parcours élaboré par les commissaires Marie Minssieux-Chamonard et Cécile Pocheau-Lesteven, respectivement conservatrice au département des Estampes et de la photographie et conservatrice à la réserve des Livres à la BnF, est scandé par un conséquente ensemble constitué de pièces dont certaines inédites et la plupart issues des collections de l’artiste.
Giuseppe Penone,
Giuseppe Penone est considéré comme une figure majeure de l'Arte Povera, mouvement artistique inscrit dans l'héritage du courant du primitivisme moderne du début du 20eme siècle pour lequel, et notamment Ossip Zadkine, du dialogue avec la matière naît le geste de l'homme qui a présidé à l'exposition "Ossip Zadkine - Le Rêveur de la forêt" au Musée Zadkine en 2020.
Selon sa conception de l'art - “Le langage de l’art est encore et sera toujours fondé sur les sens" et "Une des fonctions de l’art, est la relecture permanente de la réalité" - son oeuvre, ordonnée autour de la communion sensorielle avec la nature s'affranchit la conventionnelle représentation illusionniste en privilégiant une pratique minimaliste avec un nouveau language visuel basé sur l'innovation formelle et de l'utilisation de nouveaux matériaux tel le pigment végétal brut.
Elle répond également à un triptyque conceptuel et réflexif concrétisé dès ses premières expérimentations in situ à la fin des années 1960 dans sa forêt natale, les "Alpi maritimi" telle "Continuerà a crescere tranne che in quel punto" (" Il poursuivra sa croissance sauf en ce point") avec une main de bronze incrustée dans un arbre.
Ce triptyque "Empreinte/Trace/Mémoire" résulte d'un syncrétisme entre une pensée métaphysique, une croyance philosophique et la quête de la révélation de l'invisible jusqu'au mystère ultime irriguées par l'iconographie chrétienne.
En l'occurrence, la (dé)monstration du processus créatif et des tropismes de Giuseppe Penone s'articule autour d'une installation constituant un hymne sylvestre avec l'arbre, le premier - et récurrent - motif de l’artiste, elle-même ordonnée autour de l'oeuvre "Pensieri e linfa" ("Sève et Pensée").
Celle-ci est composée comme la rencontre et du dialogue de la nature et de la culture avec une empreinte d'arbre réalisée par frottage sur une fine toile de lin autour de laquelle se déploie un texte écrit par l’artiste relatant ses réflexions en une phrase unique déployée sur le mode de la dynamique de la sève.
Sont mises en résonances deux antérieures pièces signifiantes des années 2000 : la sculpture "Alberi libro (Arbres-livre)" composée de poutres évidées laissant apparaitre le coeur de l'arbre dont la juxtaposition évoque un livre ouvert et le triptyque "A occhi chiusi (Avec les yeux fermés)" sur le thème du regard intérieur avec l'ombre d'un regard aux yeux fermés en épines d'acacia plantées dans une plaque de marbre qui renvoie à une dimension sacrée sous-jacente.
Autour de cet ensemble, ont été réunies, là encore en résonance, des oeuvres historiques ("Verde del Bosco" - "Vert du bois"), des pièces inédites ("Leaves of grass" - "Feuilles d'Herbe") ainsi que des dessins, des gravures et des photographies qui complètent et éclairent cette monstration thématique à mettre en relation avec une iconographie recensée sur le site de Giuseppe Penone.
A voir et lire en préambule à la visite :
un diaporama de l'exposition in situ
la rencontre avec Giuseppe Penone et Jean-Christophe Bailly, Laurent Busine, Alfred Pacquement, Didier Semin, et les deux commissaires de l’exposition, Marie Minssieux et Cécile Pocheau-Lesteven et des lectures par Jacques Bonaffé et Jean-Christophe Bailly
l'entretien de Giuseppe Penone avec Jean-Christophe Bailly sur la genèse de l'exposition
la Masterclasse de Giuseppe Penone animée par Arnaud Laporte au Festival Imagine, organisé par France Culture et le Centre Pompidou en 2019
!'interview de Giuseppe Penone par la journaliste Yasmine Youssi en 2019 dans le cadre des rencontres Télérama/Dialogue en 2019
la conversation avec Germano Celant historien d'art et critique d'art promoteur et théoricien de l'Arte Povera dans le cadre de la FIAC en 2019 avec l'installation "Matrice di linfa (“Matrice de sève”)" au Palais d’Iéna
la Masterclasse de Giuseppe Penone animée par Arnaud Laporte au Festival Imagine, organisé par France Culture et le Centre Pompidou en 2019
l'exposition au Musée de Grenoble en 2014
un diaporama de l'exposition de sculptures au Château de Versailles en 2013
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