Tragédies d'après des oeuvres d'Eschyle, mise en scène d'Olivier Py, avec Philippe Girard, Mireille Herbstmeyer et Frédéric Giroutru.
Dans son registre théâtral de prédilection, celui du tragique antique, et sa conception d'un théâtre politique, Olivier Py a mis en scène, avec la collaboration artistique de Pierre-André Weitz, son fidèle complice, l'intégralité de l'oeuvre d'Eschyle.
De manière grandiose avec la trilogie de "L'Orestie" et, créés les quatre opus "Les Sept contre Thèbes", "Les Perses", "Prométhée enchaîné" et "Les Suppliantes" qualifiés de "Pièces de guerre" dans une approche différente.
En effet, celle-ci ressortant au "théâtre d'intervention" et au "théâtre élitaire pour tous" destiné à une programmation nomade notamment dans des lieux non institutionnels pour une diffusion populaire repose sur une unicité de dispositif, une adaptation textuelle resserrée pour trois comédiens intervenant en bifrontalité sur un simple alignement d'étroits praticables.
Sont présentés en diptyque "Les Suppliantes" et "Prométhée enchaîné" pour lesquels le personnage de Io, une des maîtresse des Zeus et ancêtres des premières, constitue le lien de connexité car dans sa fuite contre la vindicte conjugale, elle a rencontré le second, qui sera délivré par son fils Héraclès.
Par ailleurs, un choix éclairé avec ces partitions qui se révèlent en résonance avec des sujets et des drames contemporains qui interpellent plus particulièrement Olivier Py.
D'une part, la révolte contre la tyrannie et les enjeux de la démocratie avec "Prométhée enchaîné", qu'il qualifie de "leçon d'insurrection", dieu dissident subissant le châtiment de Zeus pour lui avoir dérobé le feu, symbole de connaissance nécessaire au développement civilisationnel, qu'il a donné aux hommes tenus en état d'asservissement face à la dictature des puissants.
D'autre part, la violence envers les femmes et l'immigration avec "Les Suppliantes", véritable plaidoyer pro-migratoire, dont les protagonistes, les filles du roi Danaos refusant le mariage forcé imposé par les alliances politiques demandent l'asile au roi d'Argos.
Confronté au dilemme intemporel, entre principes humanistes, en l'espèce le devoir et le droit d'asile, et le pragmatisme politique face à leurs potentielles conséquences dommageables tant au plan intérieur qu'extérieur, celui-ci en appelle à l'arbitrage et à la volonté du peuple.
Olivier Py a choisi des officiants exceptionnels, aguerris et compagnons de route théâtrale, dont il connaît le talent et le métier pour porter la puissance du verbe eschylien.
Les aînés en multi-rôles, Philippe Girard, visage émacié, regard bleu laser et voix de stentor qui campe notamment les dieux intervenant dans ces épopées, et Mireille Herbstmeyer, longue dame brune à la mélopée incantatoire qui transcende la supplique, et le cadet, Frédéric Giroutru superbe figure d'impétueux héraut et de monarque démocrate.
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