Pour certains, la musique d'Arman Méliès c'est avant tout une ambiance. Pour d'autres, c'est tout le contraire, Arman Méliès ne vaut que par ce qu'il chante. Si les avis sont si tranchés ce n'est pas pour autant que l'un des deux à tort.
En effet, si de prime abord c'est effectivement la musique qui fait mouche et enveloppe l'auditeur d'une douce mélancolie, ce n'est que pour mieux le préparer à apprécier les textes comme ils le méritent.
Car Arman Méliès est un poète et ses textes abstraits, surréalistes et chantés d'une voix douce et intimiste sont une invitation au voyage. Dans la continuité de son disque précédent, Néons blancs et asphaltines, l'univers dévoilé ici est un peu décalé, hors du temps.
Je pourrai raisonnablement arrêter là cette chronique, vous laissant, auditeurs potentiels, découvrir ce qui se cache sous ces Tortures Volontaires, y piocher ce que bon vous semble, écouter, découvrir, passer les portes les unes après les autres comme dans un rite initiatique.
Sachez néanmoins que Tortures Volontaires rime joliment avec Fantaisie Militaire, que "Les alizés" ou "Le retour des caravelles" ont un goût de musique de film que n'aurait pas renié Morricone, que "Sur nos fronts" nous emporte de l'autre coté de l'Atlantique, vers un songwrtiting intimiste mêlant remarquablement bien un texte en français inspiré et une musique sobre mais pas simpliste à la manière d'un Will Oldham élevé à la langue de Molière … ou plutôt celle de Rimbaud.
"Dora", épopée sonore de presque 8 minutes finira de vous convaincre de la finesse et la subtilité de cet album tandis que judicieusement placé, "Géopolitique des brumes" termine ces bien agréables Tortures Volontaires sur un instrumental planant, contemplatif, fuyant à la manière d'un Board of Canada qui se serait mis au folk ou d'un A Silver Mount Zion recentré sur la pop.
De bien douces tortures que nous inflige là Arman Méliès vers lesquelles nous revenons, encore et encore, volontiers !
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