Réalisé
par Brillante Mendoza. Philippines.
Comédie dramatique. Durée : 1h50. (Sortie 5 mai
2010). Thriller. Avec Anita Linda, Rustica Carpio, Tanya Gomez et Ketchup Eusebio.
Si l'on accepte d'aller au cinéma pour ne pas forcément "se distraire", cette plongée au cœur du quotidien des pauvres d'une grande ville des Philippines sera un choc.
Le parcours parallèle de deux grands-mères, des "lolas", frappées par un fait-divers sordide (le petit-fils de l'une a poignardé le petit-fils de l"autre à la suite d'un vol de portable), donne l'occasion de découvrir des vies au-delà du difficile.
Brillante Mendoza, déjà primé pour ses précédentes réalisations, choisit une voie très descriptive, peu fictionnée et sans pathos, découlant du néo-réalisme italien le plus épuré. Ce n'est sans doute pas un hasard si l'Italie d'après-guerre et les Philippines d'aujourd'hui baignent dans la même culture catholique.
Comme Rossellini ou De Sica, Mendoza casse la dimension sociologique de ses personnages en se souvenant justement que ces "malheureux", capables de se transcender pour le salut de leurs proches, seront les premiers dans le paradis promis aux chrétiens.
On pourrait objecter, qu'à l'instar de bien des cinéastes issus de ce qu'on appelait jadis le "Tiers-Monde", Mendoza travaille avant tout pour le regard bienveillant d'un spectateur occidental acquis à ses thèses.
Mais l'argument est vite écarté, car Mendoza n'en reste pas au lieu commun selon lequel la misère engendre douleur et injustice. En s'appuyant sur l'énergie des deux vieilles femmes, il fait surgir de purs moments de grâce cinématographique. Malgré tout ce qu'on subit, au-delà d'une résignation qu'on ne saurait blâmer, il y a un acharnement à vivre qui est en soi une lueur d'espoir.
"Lola" est un film précieux : il rappelle à son spectateur, étourdi ou amnésique, cette vérité qui reste le quotidien de la majorité des humains. |