Spectacle conçu et mis en scène par Zabou Breitman d’après le roman de Lydie Salvayre,
avec Jean-Luc Couchard, Geneviève Mnich,
Maryline Even, Jean-Claude Frissung, Caroline Gonce,
François Levantal, Éric Prat et Delphine Théodore.
Après "Des gens" qui lui a valu le Molière du Théâtre privé et le Molière de l'adaptateur en 2009, Zabou Breitman réitère dans la voie du théâtre quasi documentaire en adaptant et mettant en scène, sous son titre éponyme, un roman de Lydie Salvayre consacré au monde du travail.
Par le biais de la cérémonie de remise de médailles du travail, "La médaille" plonge au coeur d'une entreprise post-paternalisme des années 70 dont les méthodes de gestion, fondées sur une idéologie réactionnaire (la soumission aux hiérarchies naturelles), des slogans fleurant la réclame ("Etre en train pour le turbin") et une devise cynique ("Progrès-Patrie-Patron"), pour lénifiantes, obséquieuses et pathétiques qu'elles soient paraissent aujourd'hui celles d'enfants de choeur face aux pratiques du management des multinationales.
Sur l'immense plateau quasiment vide de la grande salle Renault-Barrault du Théâtre du Rond-Point, tubes incontournables ("Ti amo"), boules à facettes et chaises en plastique moulé, qui suffisent à reconstituer l'iconographie et l'ambiance faussement kermesse desdites années, et sur fond de contestation sociale vociférante en cris off , patronat et prolétariat se confrontent.
Mais l'entreprise, au deux sens du terme, tourne à vide malgré les comédiens qui remplissent efficacement leur prestation. La transposition théâtrale du style "Strip tease" patine. Le spectacle se déroule de façon morne, pesante, distendue.
D'un côté, les intermèdes des allocutions ou messages délivrés par les cadres de l'entreprise : l'héritière et vice-pédégère façon dame patronnesse (Caroline Gonce), le directeur en sciences sociales vêtu gentleman farmer-cheap (Eric Prat), le DRH petit roquet en costume cintré (Jean-Luc Couchard) et le directeur de la sécurité sur la brêche (François Levantal).
De l'autre, sous forme de monologues frontaux, les remerciements des récipiendaires, personnages archétypaux, qui débitent des tranches de vie sans surprise (Jean-Claude Frissung, l'ouvrier sui se défoule sur sa famille, Geneviève Mnich, l'employé boulot-dodo-chien-chien à sa mémère, et Maryline Even, la veuve d'un médaillé tombé au champ d'honneur des maladies professionnelles). Avec, entre les deux, une jeune secrétaire affairée et affolée (Delphine Théodore).
Le dénouement se fait attendre. Ce sera un heureux happy end en forme de réconciliation à la queue leu leu. "Pièce à chenille" oblige. |