Android 80. Nom à valeur de programme : robot de banlieue résidentielle pour classe moyenne déversant une musique dans laquelle on retrouve toute la synthé-pop des années du même nombre, avec ce que cela implique de superbe et de mauvais goût.
Il y a là-dedans du Gary Numan et du Depeche Mode le plus élastique, des allusions au Bowie berlinois et des instrumentaux dignes de la B.O de Ladyhawke, tout Neuköln et tout Krafwerk, des sosies de Brian Eno en gris et rose. C'est dansant, c'est délicieusement rétro-futuriste et même si ça n'invente rien de nouveau, cela a tout au moins le mérite d'explorer avec un sens critique bien propre sur lui la fascination que l'on pouvait avoir, il y a une trentaine d'années de cela, pour les nouveautés espérées d'un futur que nous n'aurons pas vécu. À quoi bon, alors, bouder son plaisir ?
Entièrement réalisé aux synthés par Brian Carney (si ce n'est quelques vocaux), Surburban Robot joue amplement sur tous les clichés du genre : répétitivité, psychédélisme de rave-party, un certain matérialisme outrageusement triomphant, l'attrait insouciant du luxe et des plaisirs... L'album évite cependant une certaine naïveté nostalgique car s'il proclame que "Punk's not dead", il s'empresse de préciser qu'it's getting sicker ; et, quand il égrène les noms des idoles de cette époque, il n'oublie pas d'en faire les personnages de la galerie caustique des employés et habitués de la boîte de nuit dont David Bowie aurait été le patron.
Un album à prendre au degré qu'il vous plaira, en somme. |