Avec "Roman d'une garde-robe', le Musée Carnavalet présente une exposition aussi originale qu'intéressante qui propose, à partir du goût éclairé d'une femme élégante, de feuilleter près d'un siècle de l'histoire de la mode tout en découvrant les arcanes d'une maison de couture du début du 20ème siècle et les origines du haut lieu du luxe parisien qu'est la Place Vendôme.

Sous titrée "Le chic d’une Parisienne de la Belle Époque aux années 30", elle a été conçue conjointement par Sophie Grossiord, conservateur général au Palais Galliera, et Charlotte Lacour-Veyranne, attachée de conservation au Musée Carnavalet, qui se sont attachées à mettre les vêtements en situation et en résonance dans une époque.

Ainsi la scénographie du Studio Tovar reconstitue-t-elle un élégant salon d'essayage aux couleurs acidulées de la Belle Epoque.

Par ailleurs, elle combine judicieusement différents modèles de vitrines pour rythmer une exposition qui inclut également un important thésaurus iconographique.

Roman d'une garde-robe : L'élégance en capitale

L'exposition permet de découvrir, présentée pour la première fois, un florilège des robes et tenues de la garde-robe de Alice Alleaume, une femme élégante symbole du chic parisien, riche de griffe des grandes maisons de couture de l'époque.

Chéruit bien évidemment chez qui elle était première vendeuse, et qui était une célèbre maison de couture française du début du 20ème siècle, mais aussi Worth et Lanvin.

Celle-ci permet en premier lieu de mesurer l'évolution de la mode du Second Empire aux années 1940 en termes de longueur et de forme et de libération du corps de la femme avec l'abandon du corset et la grande exubérance des Années Folles.

Et comme les goûts de Alice Alleaume sont à la fois éclectiques et hardis, la déambulation au fil des années est riche et enthousiasmante.

La mode ne se limite pas à l'habit ; les accessoires sont à l'honneur, des chapeaux aux chaussures en passant par les sacs et bijoux dont Alice Alleaume raffole et pour lesquels elle s'adresse aux faiseurs les plus réputés.

Le visiteur pourra également voir une sélection de l'exceptionnelle collection de fleurs artificielles qui étaient employées en garnitures du Palais Galliera et des échantillons de textiles brodés conservés par les Archives de Paris.

Deuxième volet de l'exposition, l'histoire de la maison Chéruit dont sont dévoilées les arcanes avec des photographies qui montrent les salons de vente comme les coulisses avec les ateliers où s'activent les midinettes.

De nombreux documents tels que le carnet de commandes et le livre de comptes reflètent de sa fructueuse activité auprès du gotha international qui est informé de ses dernières créations grâce aux illustrations de mode réalisées par Pierre Brissaud pour le journal de mode La Gazette du Bon Ton.

En contrepoint de celles-ci, l'exposition présente les dessins humoristiques du chroniqueur mondain et caricaturiste Georges Goursat dit Sem qui épingle les poseurs tentant de rivaliser avec les vrais élégants de la Place Vendôme.

Et voici le troisième sujet d'intérêt de l'exposition qui ressortit à l'histoire de la capitale.

Paris devient capitale de la mode avec le carré d'or formé par la rue de la Paix, la rue Royale, la rue Castiglione et la rue Saint Honoré qui encadrent la Place Vendôme où se retrouve le Tout Paris de la mode et du luxe.

A ne pas rater, entre autres, l'album de la collection Lanvin de février 1935, les habits et déguisements d'enfants et le document audio qui égrène les commandes spéciales pour tenir compte non seulement du desiderata des clientes mais également des "petits" défauts physiques de celles qui n'avaient pas des mensurations de mannequins.