Le titre de l'exposition "Icônes américaines" est alléchant et l'affiche illustrée d'un relookage warholien de l'actrice Elisabeth Taylor laisse accroire à une immersion hollywoodienne scandée par le célèbre "Walk of Fame".
Or, tel n'est pas le cas. Ainsi que le précise discrètement le sous-titre, il s'agit des "Chefs-d’oeuvre du San Francisco Museum of Modern Art et de la collection Fisher" et donc, en l'occurrence, le terme "icône" doit s'entendre au sens d'icône moderne symbolisant un mouvement artistique.
Car en attendant sa réouverture après rénovation, le Musée d'Art moderne de San Francisco ne perd pas le nord et s'exporte "on the go" avec une sélection d'oeuvres de la collection Fisher, constituée par Doris Fisher, cinquième "selfmade woman" milliardaire du monde, fondatrice avec son mari Donald Fisher des magasins GAP.
Cette exposition, qui s'inscrit dans la tendance actuelle des monstrations de collections privées conservées dans des fondations ou confiées à des institutions muséales, présente un panorama sélectif et subjectif du "postwar américain" en 13 artistes, essentiellement nés dans les décennies 1920 et 1930, et 49 oeuvres réalisées dans la seconde moitié du 20ème siècle.
En effet, elle ne saurait tendre à l'exhaustivité dès lors, d'une part, qu'il puise dans un thésaurus résultant du goût des collectionneurs et, d'autre part, résulte e la sélectiopn opérée par le commissaire Gary Garrels, conservateur en chef au Musée d'Art moderne de San Francisco, qui indique se placer chronologiquement après l'expressionnisme abstrait ce qui en réduit sensiblement la focale. Icônes américaines de A(lexander) à W(arhol)
Les mobiles du doyen Alexander Calder, né en 1898, seul représentant de l'art lumino-cinétique avec Dan Flavin et ses asssemblages de néons, ouvre l'exposition.
Autres figures "ancestrales", des canado-américains sans doute moins connus du grand public, Agnes Martin et ¨Philip Guston qui se situent aux confins de l'expressionnisme abstrait et de l'abstraction.
Le minimalisme et l'abstraction géométrique sont bien représentées avec les oeuvres de la triade emblématique Donald Judd, Ellsworth Kelly et Sol LeWitt et Brice Marden
La période ciblée par l'exposition connaît le dilemme abstraction/figuration qui a marqué l'oeuvre de Cy Twombly et
Richard Diebenkorn, ce dernier dialoguant avec Philip Guston.
Enfin, le Pop Art avec deux de ses figures éminentes que sont Roy Lichtenstein et Andy Warhol et l'outsider Chuck Close qui a renouvelé l'art du portrait avec ses portraits-mosaïque.
Andy Warhol clôt légitimement la monstration en ce qu'il a iconifié le "Beautiful People" dont les icônes hollywoodiennes.
En l'espèce, sont présentées des encres sérigraphiques consacrées à Liz Taylor et Jackie Kennedy.
Une absente, Marilyn Monroe,l'icône des icônes qui l'a fasciné par sa beauté, son destin et son statut d'objet du désir et qui a traversé le 20ème siècle pour devenir un mythe.
Dans l'incontournable scénographie "white cube", en l'espèce signée Bill Katz et Nicolas Adam, la monstration "sèche" qui s'affranchit de tout didactisme, s'adresse à un public averti. |