Réalisé par Yves Angelo. France. Drame. 1h43 (Sortie le 9 septembre 2015). Avec Sylvie Testud , Grégory Gadebois, Mathilde Bisson, Zacharie Chasseriau, John Arnold, Pascal Ternisien, Thomas Doret et Rodolphe Congé.
Dans "Au plus près du soleil" d'Yves Angelo, on reconnaît tout de suite la "patte" de François Dupeyron, avec son goût des personnages seuls les uns face aux autres, son penchant pour un mélodrame presque post-moderne, sa capacité à fournir de vrais rôles à chacun des protagonistes.
Ici, évidemment, on est devant un film d'acteurs.
Sylvie Testud est la descendante directe d'Annie Girardot avec diction trop rapide et énergie d'éternelle énervée. Gregory Gadebois joue le gentil massif, au souffle d'asthmatique, attendant d'avoir l'âge de Raimu ou d'Harry Baur pour manger tout le cinéma français. Quant à la révélation du film, Mathilde Bisson, sa grande silhouette de blonde enchoucroutée dérivant la valise à la main restera en mémoire.
Bien sûr, le film souffre de tous les maux du cinéma français "traditionnel", à commencer par son irritant penchant pour l'approximatif. Il suffit d'apercevoir la greffière faire semblant de taper à la machine à traitement de texte pendant que la juge Sylvie Testud parle à cent à l'heure pour savoir qu'il faudra garder ses nerfs.
Ne pas, par exemple, s'offusquer si la jeune Mathilde Besson, mise en examen, incarcérée, réapparaît quelques jours après dans la nature et plutôt féliciter, pour une fois, la vitesse de la justice. Pareillement, qu'elle soit sans argent et mise en examen, ne l'empêchera pas de participer à cette croisière, où personne ne va vraiment s'amuser.
Évidemment, les "pour" et les "contre" se partageront ensuite sur la question de savoir si la dernière partie du film relève du culot ou de l'inconscience. Car, elle semble bien prévisible si l'on sait que Dupeyron et ses co-scénaristes Yves Angelo et Gilles Legrand n'hésitent jamais à aller jusqu'au bout de leurs bonnes ou mauvaises idées.
Pour ne pas trop en dire, Sylvie Testud, au cours d'une discussion qui ne paraît pas très déontologique pour une juge d'instruction, découvre que la jeune femme accusée d'abus de faiblesse est la mère biologique de l'enfant qu'elle a adopté... Comme de son côté, son mari cherche à rencontrer la génitrice, tout est parti pour une méga-embrouille, voire plus si volontés des scénaristes.
La fin que certains devineront entraîne, chez ceux qui n'ont pas deviné, un effet "estomaquant" les convaincant qu' "Au plus près du soleil" d'Yves Angelo est un grand film.
Sans aller jusque-là, il distille une ambiance assez pesante qui culmine avec toute la partie "Costa Croisière" qui n'est pas sans rappeler un Polanski oublié, "Lunes de fiel" qui décrivait également une vénéneuse promenade en mer.
Et puis, quand on y repense, le personnage de Mathilde Bisson qui porte la poisse et le malheur alors que, dans un autre contexte social, il aurait dû être fait pour le bonheur, est un des plus beaux proposés par le cinéma français.
Peut-être qu'elle y apporte aussi beaucoup d'elle-même et qu'il préfigure une carrière exceptionnelle. C'est tout le mal que l'on souhaitera à cette jeune actrice qui vaut largement le déplacement dans les salles où se projette "Au plus près du soleil" d'Yves Angelo. |