Opéra pop avec Florent Marchet, Arnaud Cathrine, Valérie Leulliot, Nicolas Martel et Benjamin Vairon.
Déjà huit ans que "Frère Animal" naissait sur scène. Fruit de l'association entre un écrivain (Arnaud Cathrine) et d'un chanteur (Florent Marchet), cette histoire racontée en musique essayait de briser les cloisons trop étanches entre l'écrit et l'oral, les mots dits et les mots chantés.
Volontairement pop et pas vraiment "concept album", "Frère animal" décrivait la vie d'un jeune homme à la recherche d'un premier boulot dans une région sinistrée où il n'y avait qu'un véritable employeur, la "Sinoc".
Inscrit dans le réel, "Frère Animal" n'était pas une bluette et les événements s'accumulaient sur la tête de Thibault le héros, qui finissait par brûler l'usine qui l'employait.
Situé dans une époque électorale qui ressemble étrangement à celle que l'on vit aujourd'hui, le deuxième épisode du feuilleton musical s'intitule, comme par hasard, "Frère Animal (Second Tour)".
Les tribulations qu'Arnaud Cathrine et Florent Marchet vont faire vivre de nouveau à Thibault sont encore plus dramatiques que dans le premier numéro. Entre prison et dérive politique, ce qu'on aurait jadis appelé un "opéra pop", est bien sombre. On pourrait parler à juste titre de "pop noire".
Alors qu'il y a huit ans, on était entre le "Mégalopolis" d'Herbert Pagani et le "Un jour, la fête" de Michel Fugain, Arnaud et Florent broient des accords presque rock pour conter ce nouvel avatar.
Thibault, sorti de prison découvre que sa petite amie, interprétée par Valérie Leulliot, ne l'a pas attendu. Sans boulot ni perpectives, il se laisse influencer par un ancien copain d'enfance devenu l'homme fort au plan local d'un parti d'extrême droite. Nicolas Martel l'incarne avec la sereine décontraction de celui qui fait le méchant et qui sait qu'il a hérité du beau rôle.
Bon, on pourra reprocher un certain simplisme à cette évocation du "Bloc national", mais dans ce "Plus belle la vie" musical, les clichés sont propices à de belles envolées qu'ils soient chantés ou parlés.
Et, si l'on accepte ce simplisme assumé, on suivra sans réticence Arnaud, Florent, Nicolas et Valérie dans ce qui, s'il n'était porté par d'excellentes mélodies qui ne cherchent pas à devenir des tubes, pourrait fournir matière à un bon téléfilm "France 3".
Le quatuor, renforcé par Benjamin Vairon à la guitare, assure vraiment avec une belle énergie et n'a pas peur d'en rester au premier degré pour dresser un portrait fantasmé d'une France qui fasse peur ou pleurer.
On aimerait d'ailleurs que le spectacle déborde du contenu de l'album et qu'il s'installe dans la durée inhérente à un concert pop. On aimerait aussi, malgré ce qui s'est passé dans cet épisode particulièrement sanglant, qu'un troisième volet de la saga de Thibault soit envisagé.
Ce n'est peut-être pas encore à l'ordre du jour. Ce qui l'est c'est "Frère animal (Second Tour)" de Florent Marchet et Arnaud Cathrine. |