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Will Self  (Editions de l'Olivier)  octobre 2017

Will Self est aujourd’hui considéré comme l’un des plus importants écrivains de la littérature contemporaine britannique au même titre qu’un auteur comme Martin Amis. Alors évidemment quand il nous propose un nouveau livre, c’est toujours un grand événement en soi. Requin, publié aux éditions de l’Olivier, est le second volet d’une trilogie romanesque débutée il y a quelques années avec la sortie de l’excellent Parapluie. Elle se terminera bientôt par un troisième volet, Téléphone.

On poursuit donc le récit débuté dans le précédent livre de la vie quotidienne du docteur Zach Bushner dans sa clinique psychiatrique. On continue d’explorer les liens entre évolutions techniques, guerres et maladies mentales. Dans Parapluie, Will Self s’intéressait au fusil automatique et à la mécanisation de la technologie. Avec Requin, il s’intéresse au nucléaire, à l’arme atomique et à la psychose de masse qui en découla.

L’histoire se passe dans les années 70, au sein de la clinique du docteur Bushner, désormais confronté aux pathologies post Seconde Guerre mondiale. Dans son Concept House, Bushner et son collègue mènent une expérience particulière, loin de la psychiatrie conventionnelle ; les malades ne sont pas séparés des médecins, ils forment une communauté où il y a peu de règles et l’on soigne parfois les psychoses à coups de drogue. Parmi ces malades se trouve "le tordu", un patient particulier, rescapé de l’USS Indianapolis, un cuirassé torpillé par les Japonais le 29 juillet 1945, quelques temps après avoir acheminé vers le Pacifique la bombe qui allait détruire Hiroshima. Les membres de l’équipage, plus d’un millier, périrent pour la plupart mangés par des requins, d’où le titre de l’ouvrage.

Au cœur du livre se trouve une magnifique description de cette attaque menée par les requins, comme si la nature se vengeait des hommes et de leurs technologies absurdes et meurtrières. C’est à partir de cet évènement que Will Self nous propose son approche de l’histoire du XXème siècle, une histoire alternative déjà entamée avec Parapluie qui se terminera avec Téléphone. Requin, enfin, est aussi un livre sur les addictions, sur les drogues évidemment symbolisées par le LSD dans les années 70. Enfin, la lecture du livre se fait à travers le film de Spielberg, Les Dents de la mer.

Le livre est tout simplement prodigieux, Will Self confirme son immense talent par son style si particulier. Avec lui, les codes conventionnels du roman disparaissent pour nous offrir une lecture exigeante mais passionnante. Sa narration est inventive, les références à des auteurs comme Burroughs et Ballard évidentes, son attachement a des auteurs comme James Joyce aussi. Les romans contemporains ne l’intéressent plus. Il nous le prouve avec ce livre et trouve parfaitement son style.

Lire ce livre, quand on ne connaît pas encore Will Self, c’est entrer dans une nouvelle forme de littérature, ici faite d’un peu plus de 430 pages où les chapitres n’existent pas, les paragraphes non plus. L’écriture de Will Self guide le rythme des phrases, souvent très longues mais merveilleusement écrites. Les voix des différents protagonistes, ici les médecins et les patients, se reconnaissent seulement en fonction du registre de vocabulaire utilisé par l’auteur ou de la typographie (de nombreux passages sont en italique). C’est grâce à ce style si particulier (comme si on ne respirait pas quand on lit le livre à voix haute) que l’auteur parvient parfaitement à dégager par ses mots les maux des patients de la clinique, comme la démence et la violence. On passe de la conscience d’un patient à un autre dans la même phrase. Incroyable et fabuleux. Seul Will Self peut nous proposer cela.

On sort de ce livre, légèrement éreinté (car sa lecture, à défaut d’être difficile y est néanmoins exigeante), dans le bon sens du terme, avec le sentiment d’avoir eu entre les mains 430 pages fabuleuses constituant une fresque des conflits du XXème siècle hors du commun pleine de bruit et de fureur. Il nous montre brillamment que l’on ne doit plus considérer les évènements du siècle dernier comme un enchaînement fait de cohérence résultant les uns des autres. Ce XXème siècle, sous sa plume, devient celui des psychodrames, de l’absurdité de la guerre et des méfaits de la technologie.

Et on se dit que Will Self est un génie, un immense écrivain qu’il faut absolument lire, déjà rien que pour l’expérience littéraire qu’il nous propose. On se dit que ce livre est prodigieux, comme les livres précédents de Will Self. On prend une immense claque en parcourant ce livre. Et maintenant, on attend. On attend avec impatience le troisième volet, qui devrait traiter des conflits post 11 septembre.

 
 

A lire sur Froggy's Delight :
La chronique de "La friction du temps" du même auteur

En savoir plus :
Le site officiel de Will Self
Le Facebook de Will Self


Jean-Louis Zuccolini         
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