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Amour et Sépulcre  (Nashazphone)  mars 2018

Lorsque le disque a jailli parmi les autres, dans le bac de mon disquaire favori, la pochette m’a replongé dans les années cinéphiles gore période Bad Taste. Un mauvais goût assumé, où les images sont atroces, dérangeantes sans tomber dans le cliché excessif un peu facile.

Ensuite, ce nom. Trou Aux Rats, incroyablement improbable, et enfin Amour et Sépulcre, un titre qui, forcément, laisse du monde sur le bas-côté. Autant d’éléments convergents pour faire reculer le tout-venant, mais c’était sans compter sur mon goût prononcé pour l’improbable, le retors, le démantelé.

Enfin, le nom du label, Nashazphone, apposé en bas de la pochette au verso, a achevé de m’intriguer définitivement. Il faut dire que le label égyptien, décidément passionnant, développe un catalogue aussi intéressant que pléthorique. Par ailleurs, le récent album Venom de Sister Iodine, encensé par les critiques et plébiscité par le public adepte de noise, publié sur ce même label, a grandement contribué à sa découverte.

C’est donc confiant et curieux que je me suis plongé dans cet album aux contours qui pourraient paraître effrayants. La surprise fut de taille. Dès les premières secondes, c’est l’envoûtement. Si le disque démarre sur une forme de noise percussive, bien vite un drone malade s’installe, parasité, éraillé, déraillé. La messe est dite, sans même attendre la première minute de la procession. Une messe noire, dans une caverne sordide, au plus profond des abîmes d’histoires chargées d’ésotérisme malin.

Le champ lexical pour décrire une telle pénombre est d’ores et déjà restreint tant cette musique puissamment expressive est complexe. Imaginons une seconde un bontempi de nos années 80, noyé sous les distorsions, les effets de réverbération et d’échos appelant à la contemplation obscure. Le disque se love peu à peu dans une forme de chaos délimité, sans aucune surenchère qui risquerait de fondre le décor fragile fait d’une triste cire, comme ces seigneurs esseulés. La matière sonore s’épaissit au fil des minutes, pour porter une voix d’outre-tombe qui psalmodie un texte rendu incompréhensible, croulant ainsi sous le poids des triturations de toutes sortes.

Néanmoins, aussi sordide que cet environnement puisse paraître, l’ensemble s’accompagne d’une luminosité étonnante, comme vous portant vers des cieux plus dégagés. Cependant, tout ceci n’est qu’un leurre car la musique de Trou Aux Rats s’envole irrémédiablement vers des horizons plus chargés et plus sombres. Les textures s’épaississent et les sonorités deviennent bruyantes, tout en gardant une cohérence étonnante, car même si les tournures deviennent lentement noise, la musique garde en elle une beauté étrange et puissante qui hypnotise en atténuant peu à peu la lumière jusqu’à vous plonger dans le noir complet.

Le piège le plus facile étant souvent de sombrer dans la complaisance, la musique de Trou Aux Rats trouve sans cesse les clés pour évoluer sur d’autres sonorités, faisant de cet album un mouvement perpétuel vers l’ailleurs, à l’instar de cette seconde face dont le beat de démarrage fait larguer les amarres de l’étendue sonore pour impulser une cadence qui oxygène légèrement l’ambiance étouffante de ce requiem sauvage pour freaks décharnés. Le répit n’est que de courte durée car bientôt reviennent les vagues à lames qui découpent les cœurs même les plus accrochés.

Entre Yellow Swans et Pumice, la musique de Trou Aux Rats est à la fois agressive et profondément mélancolique, parfois exigeante, notamment dans la dernière partie où les voix sont à nouveau psalmodiées mais hachurées. En résulte donc une peinture sonore aux couleurs impalpables et émotionnellement très intenses dont la palette ne serait faite que de nuances de gris.

 

En savoir plus :
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