Seul en scène écrit et mis en scène par Mathilda May interprété par Pierre Richard. Après "Open Space" et "Le Banquet", Mathilda May poursuit dans la même veine, celui du "spectacle visuel". Cette fois-ci, elle a encore simplifié son dispositif puisqu'il s'agit d'un solo visuel".
Et, pour réussir son entreprise, elle a choisi un acteur lunaire qui a toujours, dans ses nombreux films, fait un clin d'oeil au burlesque américain : Pierre Richard.
Héritier d'un genre comique qui part du muet pour s'achever avec Jerry Lewis et Jacques Tati, il a souvent joué les maladroits, mais des maladroits en principe pétris de tendresse et de poésie. Dans "Monsieur X", Pierre Richard révise toute la gamme qu'il a utilisée durant ces cinquante années de carrière.
On va donc le suivre pendant une journée entière dans un intérieur dessiné avec une grande variété d'éléments par Tim Northam. Monsieur X" est sans doute peintre amateur ou professionnel, peu importe, ce qu'on imagine c'est que la peinture tient une importance capitale dans son existence.
On suppose qu'il est veuf car dans les tableaux qui occupent les murs de son domicile, apparaît une femme. Comme on est dans un monde singulier, cette femme peut changer de tableau selon ses envies ou celles du vieil homme solitaire avec qui elle a certainement partagé sa vie.
Dans ce décor volontairement vieillot et dont chaque objet peut-être piégé pour que jaillisse un gag ou une trouvaille farfelue, Pierre Richard, en pyjama, ou habillé en quelques secondes magiques après être passé sous sa douche, n''est jamais ridicule, jamais excessivement ahuri comme il pouvait l'être dans ses années glorieuses.
Il semble habitué à vivre dans un monde aléatoire où le moindre de ses gestes peut déclencher un bruit très sonore où le conduire au cœur d'un petit moment de pure absurdité.
Ici, les catastrophes ne s'accumulent heureusement pas et, après avoir déclenché un rire, le héros rêveur retombe miraculeusement sur ses pieds. Si on se laisse guider dans son quotidien, on ne va pas rire à gorge déployée, mais on sourira beaucoup en totale empathie avec ce monstre sacré" en compagnie duquel on sera heureux de passer une heure.
Dans ce spectacle à voir et à beaucoup entendre, où la musique d'Ibrahim Maalouf a aussi son importance, à côté de bruitages incongrus et espiègles, Mathilda May rend un bel hommage à un acteur qui appartient au patrimoine commun comique de tous les Français et, à qui, grâce à elle, on peut adresser un grand merci suivi d'un grand point d'exclamation pour tout ce qu'il a fait : Merci ! |