Oui, on ne parle pas assez (euphémisme) des compositrices de sexe féminin et c’est naturellement un tort. Oui, il faut absolument reconnaître les qualités d’Elisabeth Jacquet de la Guerre (Paris, 17 mars 1665 – Paris, 27 juin 1729), compositrice, claveciniste virtuose protégée de Louis XIV et de Madame de Montespan et figure musicale importante de son époque.

Mais pour une fois, oublions le sexe (pas des anges mais des compositrices / teurs) pour ne parler que de musique, peut-être l’un des meilleurs hommages que l’on puisse lui rendre.

On retrouve donc dans ce disque deux cantates : Sémélé et Judith mais également la Suite en sol, tirée de ses Pièces de clavecin et la Sonate en trio No. 4, interprétée ici dans une instrumentation inédite. Deux cantates pour deux figures de femmes aux tempéraments différents. Judith tirée d’un sujet biblique (Judith, pour sauver son pays, alla trouver le général ennemi : celui-ci, frappé de sa beauté, l'accueillit et l'invita à un repas, dans lequel il s'enivra. Pendant son sommeil, elle lui trancha la tête avec son propre glaive et emporta la tête à Béthulie), femme ardente, patriote, pieuse et courageuse. Sémélé, entre naïveté et pureté, héroïne de la mythologie grecque, était l'une des maîtresses de Zeus. Héra, jalouse, emprunta les traits de Béroé, la nourrice de Sémélé, et conseilla à sa rivale de demander à Zeus de le voir dans toute sa splendeur et toute sa gloire. Tenu par sa parole, Zeus fut obligé de réaliser le souhait de Sémélé, mais elle fut consumée par la foudre qui entourait le dieu.

On trouve chez Elisabeth Jacquet de la Guerre les différentes influences de son époque, un sens de l’harmonie, un style très personnel à la riche et subtile invention (montrant une certaine audace parfois), qui fait d’elle une compositrice finalement presque incontournable. Et comme ici l’interprétation est pleine de clarté et de dynamiques...