Monologue dramatique écrit et interprété par Elsa Agnès dans une mise en scène d'Anne-Lise Heimburger.
C'est l'histoire d'une fille qui dès l'enfance se sent à part et montre une vocation précoce pour la destruction. Dès lors, elle va entamer une cavale ininterrompue autour du monde de l'Inde au Canada en passant par l'Italie suivant sa pulsion morbide qu'elle va finir par maîtriser totalement.
Un zest d'absurde, une bonne pincée d'humour noir, un soupçon d'étrangeté : "Le Caméléon" ne ressemble à rien de ce qu'on a pu voir. Il est un mélange de Marguerite Duras, de l'humour de Blake Edwards et l'univers d'une série comme "Dexter".
Au gré de ses transformations, l'héroïne traverse le monde avec une bonne dose d'autodérision, un sens de l'observation aiguë et un grand sens du romanesque. Elle est une et plusieurs, changeant à chaque fois de nom et de couleur, s'insinuant dans des interstices et faisant sienne les univers.
Elsa Agnès, dont la présence irradie à chaque scène, compose un personnage atypique et multiple. La mise en scène d'Anne-Lise Heimburger sans effets superflus donne à ce texte la singularité et la folie nécessaire.
La scénographie épatante de Silvia Costa faite de boîtes à compartiments dans lesquels l'héroïne évolue, changeant de couleurs suivant son environnement est une vraie bonne idée qui donne à ce spectacle une identité à part. Une originalité qu'accentuent les costumes d'Anne-Lise Heimburger et Silvia Costa pour ce texte incandescent, incisif et jubilatoire teinté d'une indicible mélancolie.
Un original voyage captivant à la tension continue qui s'enfonce toujours un peu plus dans les noirceurs de l'humain porté par une subjuguante comédienne. |