En collaboration Metropolitan Museum of Art de New York et le Musée Fabre de Montpellier, la Réunion des Musées Nationaux organise au Grand Palais une exceptionnelle rétrospective du peintre Gustave Courbet.
Pas moins de quatre commissaires, Laurence des Cars et Dominique de Font-Réaulx, conservateurs au Musée d’Orsay, Guy Tinterow du MET et Michel Hilaire, directeur du Musée Fabre se sont penchés sur le berceau de cette ambitieuse exposition qui veut replacer l'oeuvre de Courbet dans son temps.
L'exposition, scénographiée par Didier Blin, se déroule en sections thématiques qui, du "Petit portrait au chien noir" du jeune homme qui, débarquant de sa Franche-Comté natale, déclarait "Il faut qu'avant cinq ans j'aie un nom dans Paris" aux "Trois truites de la Loue" agonisantes, métaphore de sa condition dernière, évoque ce que Sylvain Amic, conservateur au Musée Fabre, qualifie ainsi : "les confessions d'un enfant de la peinture".
Car Courbet est engagé dans la tradition picturale même s'il la transgresse pour créer un art neuf qu'il signera en rouge sang, que l'on étiquettera de réalisme, et "Etre non seulement un peintre mais encore un homme, en un mot faire de l'art vivant".
L'exposition est riche et dense aussi serait-il vain de vouloir prétendre à l'exhaustivité dans une chronique. Aussi tend-elle simplement à esquisser quelques repères dans une oeuvre foisonnante, rencontre du réalisme brut et de la sensibilité terrienne.
Des autoportraits fascinants
Dans ses autoportraits de jeunesse, qui constituent sa carte de visite d'impétrant, Courbet décline ses travestissements stylistiques ("Le sculpteur", "Courbet au chien noir", "L'homme à la pipe", "L'homme à la ceinture de cuir").
:
Et quand il se démasque, "Avec ce masque riant que vous me connaissez, je cache à l’intérieur le chagrin, l'amertume, et une tristesse qui s'attache au cœur comme un vampire", apparaît le magnifique "Le désespéré" retenu pour l'affiche de l'exposition.
Les grands formats héroiques
Impossible d'occulter les morceaux de bravoure picturale que sont les deux grandes toiles "Un enterrement à Ornans" et "L’Atelier" qualifiée par l'artiste lui -même d'allégorie réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique.
Une nature réaliste et organique
Qu'il traite du minéral ("La vague", "La source de la Loue") ou du végétal ("Le chêne de Flagey"), Courbet transgresse les codes picturaux de la nature idéalisée pour se colleter de manière très animale et sexuée aux réalités tangibles du monde qui l'entoure.
Un érotisme insolent
Courbet exalte la nudité pulpeuse ("Les demoiselles des bords de Seine"), la sensualité exacerbée ("La femme au perroquet"), le mystère insondable du sexe féminin ("L'origine du monde") et le saphisme ("Le sommeil") comme une plongée naturelle dans l'intime.
La chasse, une nouvelle peinture symbolique
L'exposition présente des toiles moins connues de Courbet que sont les scènes de chasse. Chasseur passionné, Courbet mêle dans ces toiles cynégétiques, telles que le "Renard mort suspendu à un arbre" ou "L'hallali du cerf", le réalisme et attitudes propres à la peinture d'histoire pour y insérer des métaphores propres son ressenti d'homme solitaire et incompris.
Une exposition incontournable qu'il faut prendre le temps d'apprécier et d'enrichir en assistant aux conférences et lectures programmées jusqu'en janvier 2008. |