Spectacle musical de Alexandre Bronstein et Lee Maddeford, avec des arrangements de Patrick Laviosa, mis en scène par Agnès Boury, avec Alexandre Bronstein, Sinan Bertrand, Liza Michael, Ariane Pirie et Patrick Laviosa.
Alexandre Bronstein et Lee Maddeford n'ont pas dû s'ennuyer en écrivant ce spectacle hallucinant qui a connu, et connait encore à chaque reprise, un énorme succès.
"Créatures" se présente comme une comédie musicale extravagante et délirante à la croisée du train fantôme, du Rocky Horror Show et d'Alice au pays des merveilles. Enfin pour ce dernier point, il s'agit davantage d'un William dans l'antre des monstres, ceux qui peuplent l'imaginaire collectif, du Diable au vampire en passant par le loup garou et même le Créateur suprême.
Personnages horribles des contes de fées ou démons intérieurs, tous deviennent presque sympathiques et émouvants tant ils sont investis des mêmes angoisses existentielles que les humains et aspirent à un bonheur d'autant plus inaccessible pour eux compte tenu de leur état.
A la mise en scène, Agnès Boury s'est laissée portée par le fil d'une histoire loufoque qui se décline en tableaux déjantés et par des comédiens-chanteurs pour lesquels le plateau de la grande salle du Théâtre de l'Epée de Bois parait trop petit pour contenir leur débordement d'énergie et leur folie douce.
Exclusivement accompagnés au piano par Patrick Laviosa qui, en monstre eviscéré, pousse également son lamento, les quatre protagonistes sont désopilants. Liza Michael, superbe plastique et superbe voix, aussi à l'aise en plantureuse veuve noire qu'en lapin bleu kisscool, fait résonner le lieu et Sinan Bertrand crapahute avec bonheur, et beauté, du diable des Carpates à la Mort empêtrée dans son zozotement.
Quant à Alexandre Bronstein, en bébé sous ectasy, en fleur folle ou en ange catastrophe, et Ariane Pririe, en Dieu féminin version reine d'Angleterre ou en beaufe à la Deschiens, sont des fous furieux qui partent en vrille au quart de tour.
De toute façon, si vous appréciez ce registre, vous les connaissez déjà pour les avoir vus, et entendus, entre autres dans "Panique à bord" ou "Le cabaret des hommes perdus" et vous savez donc qu'il est impossible de brider ses zygomatiques. |