Monologue darmatique de Christine Reverho, mise en scène par Panchika Velez et interprété par Sophie de la Rochefoucauld.
Camille, petite coiffeuse de province, aime les chips, les séries télé romantiques et son canapé en velours. Elle voyage en cartes postales, fabrique du beau avec du rien et rêve d'happy end en donnant des couleurs au monde... pour oublier que le sien n'en a pas.
Mais la vie ne se déroule pas comme dans une sitcom. Prise au piège de l'amour, ce canapé devient son refuge et la douceur du velours sa consolation... Un refuge pour échapper à l'amour... Un amour si violent, trop violent...
Bien que le sujet soit de moins en moins tabou, les médias ont tendance à parler de la violence faite aux femmes à la rubrique faits divers, entre drames sordides et affaires de mœurs. La transposition poétique de ce genre d’histoire est rare.
C’est ce qu’arrive pourtant à faire avec intelligence et subtilité le très beau "La douceur du velours", un seul en scène interprété par Sophie de La Rochefoucauld.
Ce spectacle est né de la rencontre de Christine Reverho avec une jeune femme, Camille, victime des coups et des violences de son conjoint, et qui, sous une apparente gaité, cachait de profondes blessures, lourdes à porter mais aussi douloureuses à dévoiler.
Par son écriture Christine Reverho donne finesse et légèreté à l’histoire de Camille, en faisant une héroïne attachante, drôle, vive, une "âme simple" mais loin d’être simplette dont on suit l’aventure avec empathie, parce qu’elle nous ressemble. Elle en fait, une femme avant tout. Elle lui rend son droit d’être un être humain avant d’être la victime d’un fait divers sordide. On se laisse embarquer avec elle, persuadé que son humour et sa joie de vivre la sauveront.
La mise en scène de Panchika Velez fait parler les silences, met en lumière les non-dits et souligne la pudeur du personnage qui, sous un flot de mots, peine à se dévoiler.
Rarement traité de front, la violence est pourtant là, comme une bête tapie qu’on entendrait respirer, et dont le cœur bat. Pa poum pa poum. A moins que ce soit celui de Camille.
Il fallait une grande comédienne pour porter cette histoire sur scène. Une comédienne qui possèderait à la fois l’énergie pour nous embarquer, seule, pendant 90 minutes, mais également la fragilité, la fêlure intérieure. Sophie de la Rochefoucauld est de cette trempe là. Elle nous offre ici une prestation d’une grande subtilité et d’une extraordinaire justesse.
Christine Reverho, Panchika Velez, Sophie de La Rochefoucauld et Camille. Quatre femmes impliquées, chacune à leur façon, et qui font rimer engagement avec émotion. |