A l'occasion de la sortie de son album Des pieds des mains, nous avons rencontré Dam Barnum qui poursuit son aventure solo après Luke et Eiffel.
Dam Barnum sera en concert le 28 novembre au Petit Bain.
Tu as commencé la musique à 19-20 ans, tu es devenu le bassiste d'Oobik And The Pucks, qui s’est transformé en Eiffel et tu y es resté 6-7 ans.
Dam Barnum : En comptant Oobik, de 1998 à 2005. Il y a eu la fin d’Oobik, le début d’Eiffel…
La tournée avec Houellebecq...
Dam : Oui, j’y étais aussi !
Et après, tu as rejoint Luke.
Dam Barnum : Oui, j’ai rejoint Luke pour de multiples raisons trop longues à expliquer ici mais je reste très attaché sentimentalement et musicalement à Eiffel.
Toujours à la basse ?
Dam Barnum : Oui, j’ai fait du piano étant petit mais depuis l’adolescence, je n’ai plus lâché la basse !
Qu’est-ce qui t’a donné envie de passer au premier plan, d’écrire toi-même tes chansons ? C’était un besoin, un manque ?
Dam Barnum : Non, justement, ce n’était ni un manque, ni une frustration que j’avais depuis de nombreuses années. Ce n'est pas du tout prémédité ! C’était l’envie d’essayer d’autres choses, de s’aventurer ailleurs, de me mettre en danger, par peur de la routine peut être. A la fin d’une tournée de Luke, je me suis retrouvé à la maison; j’ai pris ma guitare, j’ai commencé à grattouiller et puis c’est venu tout seul, donc j’ai persévéré ! Il y a 5 ans, tu m’aurais dis tu vas être chanteur, je t'aurais répondu que c’était complètement impossible. Pour moi, c’était inenvisageable !
On s’était vu fin 2008, au tout début de ton projet. Que s’est-il passé depuis ? Pourquoi autant de temps entre le début de ton projet et la sortie du disque ?
Dam Barnum : Plusieurs raisons… D’une part, j’étais bien occupé avec les Luke. Les petites fenêtres que j'avais pour sortir mon disque, entre les albums et les tournées, étaient trop courtes. Ensuite, le business de la musique fait que sortir un disque aujourd’hui dans de bonnes conditions est difficile. Le nerf de la guerre est la promotion, le marketing… des choses passionnantes un peu éloignées de la musique mais qu'il ne faut pas négliger. Je voulais trouver de bonnes conditions pour sortir ce disque et avoir une liberté artistique totale.
Pendant ces quatre années, tu as fait beaucoup de concerts de Dam Barnum ?
Dam Barnum : Pas assez à mon goût… J’ai dû en faire 10-15 par an, pas assez pour que je franchisse vraiment un cap. Par contre, le fait d’enchaîner des dates en ce moment me fait beaucoup de bien.
Quelle évolution ? Tes titres, ta manière de les interpréter ?
Dam Barnum : Oui, c’est un ensemble. Comment bien chanter dans un micro, avoir le ton juste, dépasser la technique et être dans sa chanson… C’est un apprentissage ! Comme je ne m’étais pas destiné à être chanteur, c’est vrai que quatre ans peuvent paraître long mais c’est un temps très court ! Le temps de se perfectionner au chant, le temps d’avoir un répertoire assez varié, d’avoir une vingtaine de chansons pour en mettre 12 sur l’album. Le temps de préparer la scène, de trouver des musiciens. C’est un temps est court lorsque tu pars de rien !
Comment vont se concilier Dam Barnum et Luke ?
Dam Barnum : Luke est en pause, on s’est arrêté de tourner en septembre 2011. On a travaillé avec Thomas (Boulard) sur quelques chansons. On a donc arrêté de bosser car Thomas voulait que je sois plus présent, ce que je comprends parfaitement. Moi, ça va me faire du bien : je m’occupe de mon projet, il va sortir, je ne sais pas où ça me mènera mais j’en avais besoin, ça fait 4 ans que ça gambergeait dans ma tête !
Maintenant que l'album est sorti, tu te sens soulagé ?
Dam Barnum : Oui, c’est un véritable soulagement…Ttu accumules des trucs, tu sais plus trop où tu vas, tu cherches, tu tatonnes, tu doutes... Beaucoup d’attente et je n'aime pas attendre, je suis un peu hyperactif, du coup, ouf ! Il se passera ce qu’il se passera ! Pour moi, ce n'est pas une quête, je ne cherche pas un succès en faisant cet album ; je cherche une sorte de liberté, d’être libre de faire ce que j’ai envie. Je suis plus en quête de liberté que de succès !
Tu n’as pas signé dans une maison de disque ?
Dam Barnum : Non, on a monté une maison de disque avec ma copine et on a deux personnes et quelques personnes qui nous épaulent. C’est assez bizarre d’avoir plusieurs casquettes : tu fais les comptes en même que tu fais de la musique. C’est "do it yourself" ! C’est probablement l’avenir. En ce moment, on bosse sur le clip, je fais du montage, je mets la main à la patte un peu partout. Je m'occupe des flyers également… Je ne suis pas le seul dans ce cas là, il y en a plein ! Affronter des contraintes pour mieux s'en affranchir serait ma devise, ces temps ci !
Où s'est déroulé l’enregistrement de ton disque ?
Dam Barnum : Principalement chez moi.
La pochette laissait penser cela, avec l’idée d’un truc artisanal chez toi…
Dam Barnum : C’est un ami qui m’a vu faire mes bidouilles chez moi et le jour où je lui ai demandé une pochette, il m’a proposé ça ! Et puis c’était ironique, l’échelle : je suis tout en bas et j’essaie de gravir les échelon parce que c’est un défi de devenir chanteur, quand tu as été musicien pendant 15 ans ! Et il y avait le côté fait à la maison, artisanal. Mon pote a bien cerné cela et le retranscrit dans la pochette !
C’est fidèle à la manière dont s’est passé l’enregistrement. En fait, j’ai commencé à enregistrer chez moi pour faire des maquettes et par la suite c’est devenu la matière première de l’album. Comme l’enregistrement de l’album s’est étalé dans le temps, j’ai refait les choses avec un meilleur son car j'ai acquis un peu de technique.
Je me rappelle, il y a quatre ans, tu avais déjà des chansons finalisées.
Dam Barnum : Certaines oui.
Il y avait "Tu tombes bien", "Les souterraines"... Tu les as refaites ?
Dam Barnum : Les guitares des "Souterraines", j’ai essayé de les refaire 50 fois et je n’ai jamais réussi… Le premier jet était bon et j’ai jamais réussi à la refaire comme ça, un peu branleur…
Sur combien de temps s'est passé l'enregistrement ?
Dam Barnum : Il s’est étalé de 2008 à maintenant, j’ai fait plein d’autres morceaux en même temps. Le problème quand ça s’étale dans le temps, c’est d’homogénéiser le tout…
Les chansons datent de ces années alors ?
Dam Barnum : Oui, la première que j’ai faite, c’était "Les Souterraines" en 2006 et toutes les autres à partir de 2008. Elles s’étalent sur 6 ans donc il faut que ça soit cohérent. C’était une étape, c’est fait, mais je ne ferais plus pareil. J’aimerais me concentrer 6 mois ou un an et faire la photographie d’un instant alors que là, c’est plus une introspection large. Mais c’est souvent comme ça pour un premier album.
Tu fais ton best-of…
Dam Barnum : Oui c’est ça et c’est dur comme exercice de faire ton best !
Au final, on a un son plutôt pop, assez loin des groupes avec qui tu joues d’habitude !
Dam Barnum : Heureusement ! Je n’ai jamais eu envie de faire la même chose qu’avec Luke ou Eiffel ! Si j’ai fait ce projet, c’est justement pour faire autre chose, c’est comme une récréation pour moi ! Je n’avais aucune contrainte au départ si ce n’est de me dire que je ne voulais pas de guitares saturées !
Moins de guitares saturées, c’était carrément un parti pris ! Quand ça fait 15 ans que tu es entouré de guitares saturées partout, tu as envie de changer aussi, pour mieux y revenir peut-être après… Il faut se renouveler dans la musique ! J’admire les mecs comme Bowie parce qu’il a essayé pleins de choses, il a changé, quitte à se planter parfois… plus que des mecs comme les Stones. J’adore les Stones mais ils font la même chose depuis 40 ans !
Quitte à s’aventurer dans un nouveau domaine qui était le chant pour moi, autant aller dans d’autres genres musicaux ! J’adorerais faire un album de rap, toucher à tout. J’ai essayé de faire des morceaux un peu soul, un peu groove… C’était la catastrophe ! Mais j’adore cette idée de papillonner dans différents styles.
Pour ta tournée, comment ça se passe ? Solo comme en 2008 ou en groupe ?
Dam Barnum : Jusqu’à Noël, j’ai une dizaine de dates en solo et une dizaine en groupe. Après, je serais en trio tout le temps. J’ai un peu étoffé la formule solo : un petit clavier, une guitare, des petites percussions. J’aime bien ce côté là aussi ! Pour la version trio, il y aura un batteur qui envoie aussi des séquences et un mec aux claviers et basse. Et votre serviteur à la guitare et au chant.
Cela ne te fait bizarre de faire des premières parties d’Eiffel, d’être avant eux et pas avec eux ?
Dam Barnum : Tu sais, ça me fait déjà bizarre d’aller à leurs concerts et d’entendre "Sombre" ou "Hype", j’ai envie d’aller avec eux ! Lors du concert à la Flèche d’Or, j’étais touché, ils ont joué une super version de "Hype", j’étais ému ! Cela rappelle pleins de souvenirs. Voilà, c’était un choix! C’est une décision que j’ai prise à un moment et je l’assume.
Pour la première partie, je suis très content et je les remercie, ils sont géniaux, hyper cools. Ils auraient pu m’envoyer bouler et me dire : "Damien, tu dégages !".
"T’es parti, alors casse-toi maintenant !"
Dam Barnum : Oui, "tu ne vas pas faire en plus nos premières parties !" (Rires) Non, ils sont super ! Je suis honoré et j’ai envie d’être à la hauteur ! Ça me met la pression !
Même au niveau du public, tu seras peut-être plus attendu sur ces dates que sur les autres.
Dam Barnum : Peut-être, on verra... J’aime bien ce côté là, le fait d’avoir des surprises, il ne se passe pas forcément tout ce qu’on attend, il y a des gens qui se séparent et qui se retrouvent... tout est possible ! Il se passe des choses, les choses sont en mouvement, pas figées !
Et la suite ? Tournée, promo, etc.
Dam Barnum : La routine, tu veux dire ? Oui, promo, tournée et puis rencontre avec le public aussi ! C’est génial, pour moi, ce n’est pas du tout la routine ! En tant que chanteur, c’est tout nouveau. Je prends tout comme un bonus, tout est du plaisir. Je vis cette aventure comme un cadeau inattendu !
Retrouvez Dam Barnum
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