On ne présente plus Laetitia Sadier depuis longtemps. Mais si vous prenez le train en marche, voici quelques mots clés pour briller en société : Stereolab, française, Londres, Tim Gane, Monade, gauchère, guitare à l'envers.
Silencio est le deuxième album de Laetitia Sadier sous son propre nom. Pourtant, on pourrait tout de même comptabiliser au palmarès de sa carrière solo les albums de Monade, pas plus ni moins collaboratif que celui-ci.
Car aux côtés de Seya Sadier (longtemps connue ainsi outre-Manche), on retrouve, mais quel heureux hasard, Tim Gane qui est pour ceux qui ne seraient pas aller sur Wikipedia après l'intro de cette chronique, la deuxième tête pensante de Stereolab mais aussi Sam Prekop des Sea and Cake.
Une belle compagnie donc qui heureusement n'a en rien vampirisé l'univers musicale de Sadier mais qui, au contraire, l'enrichi, ou plutôt l'illustre de petites touches délicates et toujours très à propos.
On retrouve bien sur "le son" Stereolab, cette basse, ces motifs répétitifs, autant de marques de fabrique qui, associées à la voix si caractéristique, offre cette ambiance inimitable qu'ont su créer Sadier et ses compères tout au long de presque 20 ans de carrière.
20 ans et toujours autant de fraîcheur dans cette musique difficilement qualifiable oscillant entre bossa, pop minimaliste et songwriting tiré à quatre épingles.
Sadier a su créer sur Silencio une proximité avec l'auditeur qui nous plonge sans réticence dans un intimisme pas du tout voyeuriste mais qui, au contraire, incite au partage, pour ne pas dire à la communion comme sur "Invitation au silence" qui nous invite à partager le silence absolu ou à la confession sur "Merci de m'avoir donné la vie".
La balade dans Paris de "Moi sans Zach" est un exercice de style réussi, façon Brigitte Fontaine tandis que "Auscultation to the Nation" ou "Fragment pour le future de l'homme" vous donneront indéniablement énergie et bonne humeur dans un style très Stereolab, avec leurs innombrables tiroirs sonores qui regorgent de percussions, sons électro et autres trouvailles.
Chaloupé, sensuel, carressant, délicat. Voilà autant de termes que l'on peut coller aux morceaux de cette album. Désuet diront d'autres. Peut-être bien, mais que c'est agréable face à une production toujours plus uniforme d'albums qui n'existent que pour remplir l'espace sonore sans le moindre répit. Alors Silencio est-il annonciateur d'un retour de Stereolab ? Peut-être. Mais la vérité, c'est que cela n'a pas tant d'importance que cela. Silencio est un superbe disque et Laetitia Sadier peut continuer aussi longtemps qu'elle voudra sa carrière solo avec de telles oeuvres. |