Le Musée des Arts décoratifs invite le public à un étourdissante traversée de l'histoire du verre du 14ème au 21ème siècle à travers sa collection, considérée comme l'une des plus importantes en Europe, et constituée, pour l'essentiel, de prestigieux dons et legs de collectionneurs passionnés.

Pour orchestrer ces "Trésors de sable et de feu", qui illustrent tant le savoir faire des maîtres-verriers, et l'excellence des métiers d'art que les orientations de la création contemporaine, Jean-Luc Olivié, conservateur en chef au département verre du musée avec la collaboration de Véronique Ayroles, assistante de conservation, a opté pour un parcours chronologique en douze étapes.

Les six cents pièces sélectionnées sont mises en scène dans la scénographie en majesté de Philippe Pumain qui a su habilement négocier tant avec les contraintes de la présentation obligatoire sous vitrine que des vitrines fixes des Galeries Rivoli.

La magie du verre au coeur d'une création artistique en constante mutation

La monstration chronologique, que le visiteur pourra suivre de manière classique ou à rebours, à la manière d'une machine à remonter le temps, s'imposait pour prendre la mesure des innovations techniques et de l'évolution du goût sur un art plurimillénaire.

Néanmoins, le cheminement n'est pas calqué sur les repères classiques d'une histoire de l'art figée même s'il ne fait pas abstraction des grand mouvements artistiques comme, par exemple, l'Art nouveau avec, entre autres, les oeuvres d'Emile Gallé.

En effet, il est également scandé par des événements spécifiques.

Tels la création en 1882 de l’Union centrale des Arts Décoratifs, association qui gère notamment le Musée des Arts décoratifs, pour promouvoir les arts appliqués, ou dans les années 1990, l'impact de l'édification de la Pyramide du Louvre qui a suscité un regain d'intérêt pour le verre.

Ce renouveau du verre tient au déplacement de son champ d'utilisation traditionnellement cantonné à la réalisation d'objets ornementaux ou utilitaires qui avait été revitalisé dans les années par les designers.

Celui-ci se poursuit vers la sculpture par l'emploi de la pâte de verre dans laquelle l'école tchèque a été précurseur, ce qui est l'occasion pour le commissaire de mettre l'accent sur les écoles et les foyers créatifs.

Le verre utilisé dans les arts de la table n'est certes pas omis et il est l'honneur dans trois séquences : celles consacrées aux verres à boire français des 18ème et 19ème siècles à laquelle répond en miroir la collection des verres à boire moderne.

Au sein des premières sections historiques, le commissaire met en exergue un chef d'oeuvre à l'instar de l'exceptionnelle lampe de mosquée du 14ème siècle en verre et émail polychrome ou une pièce à l'originalité remarquable comme l'extraordinaire pendule néo-classique réalisée en verre optique.

Il distingue aussi les productions atypiques.

Ainsi en est-il des superbes verres à tige en verre soufflé "à la façon de Venise" aux formes inédites en provenance de Catalogne de la fin du 16ème siècle.

De même pour les figures miniatures datant du 18ème siècle composant trois scènes mythologiques en verre filé émaillé de Nevers.

Et l'exposition regorge de trouvailles qui attise la curiosité du néophyte et passionnera l'amateur éclairé.

Comme la reconstitution, dans une des vitrines relatives à l'orientalisme en vogue au 18ème siècle, de compositions de pièces de collectionneur qui ont fait l'objet de reproduction au 19ème siècle dans les planches lithographiées de Edouard Lièvre.

Et ce ne sont que quelques pistes de réflexion avant de clôre le parcours avec les créations récentes de deux institutions publiques dédiées à l'art du verre - le Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts Plastiques, créé en1983 et implanté à Marseille, et le Centre International d'Art Verrier, créé en 1992 et installé dans les Vosges sur le site verrier de Meisenthal qui fut le laboratoire d'Emile Gall - invitées par le musée.