Dev Hynes est l'unique membre à part entière de son groupe Lightspeed Champion comme Neil Hannon est le seul membre de The Divine Comedy. La comparaison ne s'arrête pas là, tous deux produisent une pop habillée de cordes, dans laquelle les orchestrations sont échevelées et où les genres musicaux se collisionnent avec bonheur.
Il semble loin le temps où l'ancien guitariste de Test Icicles œuvrait dans le trash. Sur ce nouvel album, après l'excellent Falling Off The Lavender Bridge sorti en 2007, Dev continue à explorer la même veine baroque. Cependant, son départ de Londres pour New-York semble avoir largement influencé ce nouvel opus. D'une part, la production en est plus musclée. La partie américaine de l'album offre des visions de grands espaces sur le premier single "Marlene" ou avec l'intro cowboy de "Big Guns of Highsmith", alors que la partie anglaise oscille entre glam à la Roxy sur "Romart", voire ambiances made in Bristol sur "There's Nothing Under Water".
Ce grand écart entre les deux côtés de l'Atlantique se concrétise d'ailleurs en plein milieu de l'album avec le déjà cité "Big Guns Of Highsmith" pour lequel on ne peut s'empêcher de penser à Queen qui remplissaient les stades américains de rednecks venus voir un groupe monté sur plateformboots, emmené par un Freddie Mercury, moustachu et musclé, torse nu épilé et pantalon serré en skaï blanc.
La personnalité de Dev pourrait l'emmener vers cette voie-là – quoiqu'il lui faille auparavant fréquenter plus assidument la salle de gym –, lui qui aime tellement se déguiser au point d'avoir joué avec son groupe, tous déguisés en personnages de Star Wars, aux NME music awards de 2008.
Là encore, on trouve une cohérence avec une autre facette du travail de Lightspeed Champion sur ce nouvel album : sa passion pour le cinéma. Après les ambiances western, la chanson d'amour méchante et drôle "Madame Van Damme", on se retrouve à la fin de l'album dans une de ces comédies romantiques dont l'action se situe toujours (mais pourquoi ?) en automne en Nouvelle-Angleterre avec un "Smooth day (at the library)" aux tons mélancoliques.
Lightspeed Champion confirme donc sur cet album, nourri de musiques de film autant que de pop, de rock et de folk, son côté touche-à-tout de talent. |