C'est la rentrée avec son lot de nouveaux albums. Il ne faudrait pas que le deuxième album de Babet, Piano Monstre, passe inaperçu sous le nombre des sorties, l'amoncellement des rééditions, sous les piles de prix verts, les étalages d'artistes qu'on commémore, toujours en tête de gondoles.
Babet a déjà une notoriété, comme violoniste dans le groupe de Dionysos, quelque peu oblitérée par la personnalité de Mathias Malzieu, troll bondissant. Groupe voie lactée en perpétuelle expansion, qui se décline en vidéo, bandes dessinées, musiques nerveuses. Alors je demande la face B du groupe et je tire Babet.
Son deuxième album Piano Monstre est un petit joyau. On savait que l'amour monstre de Pauwels faisait naître des visions dans l'eau de Seltz, sous les boucles musicales d'Initials BB. Ce Piano Monstre-ci est un instrument fantasmagorique, possessif, ogresque que Babet à la voix enfantine sait dompter. Personnalité riche et sensuelle qui se diffracte en des collaborations qui sonnent juste : Arthur H, Hugh Coltman, Edouard Baer, des rencontres hétérocliques, les hasards de la vie. Une pincée d'humour et l'amour, comme des voyages éveillés, sous l'intemporalité des saisons, des étoiles, des couleurs.
L'onirisme de l'univers de Babet est porté par un travail très riche d'orchestration, qui souligne l'enthousiasme comme l'intériorité des émotions. Pour la plupart, les chansons d'amour sur les amants séparés, sur les âmes qui savent se retrouver sous un même ciel, très "Soulier de Satin" quand on y réfléchit... hum... hum...
Babet transforme admirablement l'essai, elle prend la route en solitaire, se refait une tribu et part pour enchanter le public. Qu'elle continue dès que les projets de Dionysos lui en laisse le temps, pour notre plus grand plaisir. Chanter sous la pluie, ces temps-ci on appelle au rêve général, ça pourrait être avec les chansons de Babet en tête. Et la folie, qui m'accompagne. |