Croisez le No Smoking Orchestra dans lequel Emir Kusturica est venu se racheter une conduite musicale avec tout ce qu'il pourrait rester de mano negresque chez Manu Tchao – vous obtiendrez peut-être quelque chose de pas très éloigné de Gogol Bordello. Et ça s'appellerait du "Gipsy-Punk". Et figurez-vous que ça viendrait de New-York.
Quand il y a neuf musiciens, on ne sait plus très bien comment cela doit s'appeler. Un nonet ? "Un sacré gros bordel" sera certainement plus juste dans le cas précis, tant la bande d'Eugene Hutz s'en donne à cœur joie. Ici on navigue, à vue, dans un univers anarchiste, contestataire, festif, populaire certainement, endiablé, qui préfèrera l'odeur de la sueur de compañeros de bonne compañie à celle d'un channel n°x issue des palais d'une république forcément toujours plus ou moins bananière.
La véritable nouveauté tiendra peut-être cette fois dans le choix du label : pour la première fois, Gogol Bordello sort du bois du label indépendant pour s'installer chez Sony Music – autant dire : à la grande ville. Mais de cette union faustienne aucun malheur ne naît et peut-être cette fois le diable aura-t-il été roulé, incapable de ravir à l'artiste son âme révolucontestataire.
Pour ce cinquième long, Trans-Continental Hustle, Gogol Bordello n'a rien perdu de sa fougue – ce qui signifie que l'on devrait surtout adorer les retrouver au coin d'une scène pour un moment d'emportement, le groupe s'étant déjà taillé une solide réputation d'agitateur de foules ravies. |