Grand moment de blues au New Morning en ce vendredi soir. Dans cette salle, habitée des âmes et des démons des jazzmen et bluesmen qui s'y sont produits, on croisait un public pas forcément très jeune, mais visiblement content de se réunir.
Un New Morning plein comme un œuf pour accueillir Little Bob Blues Bastards, le groupe du rocker havrais qui n'avait pas remis les santiags sur une scène parisienne depuis plus de deux ans. Si dans le second album du groupe, Howlin', le tempo s'est un peu ralenti laissant place aux ambiances plutôt qu'à la rage rock'n'roll de la Story ou aux rêves amérindiens de Little Bob, sur scène la flamme est incandescente.
Entouré des fidèles Gilles Mallet à la guitare et Bertrand Couloume à la contrebasse, Little Bob démontre encore une fois qu'il reste l'un des plus grands interprètes de rock en France. Sa voix ne faiblit pas, fait merveille sur les balades. Alors que Mickey Blow, chemise noire à jabot et ceinture bardée d'harmonicas, souffle comme un beau diable dans ses instruments au point de finir liquéfié, Roberto Piazza, alias Little Bob, pousse la voix avec une facilité déconcertante. Les Blues Bastards enchaînent leurs titres, mais vont aussi piocher dans le répertoire plus ancien de Little Bob et de la Story "Too young to love me" ou "Riot in Toulouse", ainsi que dans le répertoire plus classique, comme le faisait jadis les groupes de rock et de blues au point qu'on ne savait plus qui était à l'origine des chansons. On a donc aussi pu entendre des reprises de Captain Beefheart, Louis Armstrong, Little Richard.
Présent dans la salle, Serge Kaganski, sourire fendu jusqu'aux oreilles, appréciait visiblement la version de "Libero", chanson interprétée live dans le film Le Havre d'Aki Kaurismäki.
Little Bob, invité régulier du Bol d'Or pour un public de bikers, Little Bob qui était à l'affiche du premier festival punk français à Mont-de-Marsan en 1976, et surtout aussi à l'affiche de la seconde édition qui, en 1977, réunissait sur un même plateau The Clash, The Police, The Jam, The Damned, Eddie and the Hot Rods, Bijou, Doctor Feelgood, Shakin’ Street ou encore Asphalt Jungle, Little Bob qui a invité Lemmy Kilmister de Motörhead sur "Ringolevio", Little Bob qui a joué avec Noir Désir,Southside Johnny, Mink de Ville, Doctor Feelgood, The Fleshtones ou The Pretty Things, fêté par la Mano Negra et Manu Chao... Little Bob est décidément increvable.
A voir la mine réjouie des spectateurs à la sortie, le sourire de Bob et de ses musiciens, les signes adressés par Bob aux fidèles qu'il reconnaissait dans la salle, il n'y a aucun doute que les Little Bob Blues Bastards reviendront à Paris l'année prochaine pour fêter les 40 ans de carrière d'une des plus grandes voix du rock.
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