"Il y a pire que de tuer quelqu’un : ne pas savoir si on l’a tué"
Ce ne sont pas ces mots, cette phrase intrigante que débute la quatrième de couverture du dernier livre de Paul Cleave, Ne fais confiance à personne, édité chez Sonatine. Ajoutons-y une superbe couverture, toujours très soignée chez cet éditeur, et vous avez entre vos mains sûrement un des meilleurs polars sortis l’année dernière.
Déjà auteur de nombreux polars lauréats de nombreux prix, reconnu particulièrement avec l’excellent Un employé modèle, Paul Cleave confirme tout le bien que l’on pense de lui avec ce nouveau excellent thriller. Penchez-vous sur ce livre, il risque de vous hanter pour un long moment. Et pour contredire le titre du livre, vous pouvez aller l’acheter sans risque, vous ne serez pas déçus.
Le cœur du livre repose sur une terrible maladie, la maladie d’Alzheimer, qui ronge la mémoire et la lucidité de ses victimes. Le personnage principal, Jerry, un écrivain auteur de polar, est touché par cette maladie. A cause d’Alzheimer, petit à petit, il mélange ses écrits et ses fictions avec sa propre vie. Jerry écrit dans un carnet ses souvenirs qui pourront lui en venir en aide quand sa maladie aura beaucoup évolué.
Le livre est donc construit autour du présent, quand Jerry se retrouve dans une maison de santé, et le passé proche, quand Jerry rédigeait son carnet. On en vient à se poser des questions sur l’inspiration de l’écrivain, sur ce qui a guidé son œuvre. Sur les crimes qu’il relate surtout ! Sont-ils imaginaires ? Ont-ils été réellement commis par l’auteur ? Même Jerry commence à avouer des meurtres ! Mais est-il lucide ? Est-ce la maladie qui lui fait dire ça ?
Le problème de cette maladie, c’est que les malades alternent lucidité, perte de connaissances et délires aussi. Les esprits du malade se mélangent très vite, comme celui de Jerry, comme celui du lecteur aussi avec lequel Paul Cleave prend un malin plaisir à s’amuser.
Vous l’avez compris, c’est un bien un thriller psychologique que nous propose Paul Cleave, une plongée vertigineuse dans la tête de ce Jerry et dans cette terrible maladie qui ronge les souvenirs et la lucidité de ceux qui en sont touchés. On voit à la lecture du livre que l’auteur a dùu réaliser an amont un formidable travail de recherches sur cette maladie tant la description qu’il en fait semble réaliste.
Tout est maîtrisé du début à la fin dans le livre. On s’attache à Jerry, on souffre avec lui devant la progression de sa maladie. On crève d’envie de connaître le dénouement. La lecture du livre est troublante. Paul Cleave nous fait perdre la tête, on en devient presque Alzheimer aussi. Au fil des pages, l’auteur nous emmêle volontairement entre le réel et ce qui ne l’est pas. Il ajoute des fausses pistes, classiques dans les polars, des rebondissements aussi, qui fonctionnent à merveille.
A vrai dire, on ne sait pas vraiment vers quel dénouement l’auteur souhaite nous emmener, ce qui rend cette fin d’autant plus bluffante et surprenante. Comme avec tous les bons polars, on tourne les pages avec frénésie et on le pose avec dépit sur sa table de nuit le soir tant on est frustré de devoir s’en séparer le temps de la nuit.
Enfin, et pour nous combler encore davantage, Paul Cleave n’oublie pas d’intégrer une très grosse dose d’humour (noire) dans son livre avec de nombreux passages hilarants. Il personnifie la maladie de façon très amusante, comme pour désamorcer les effets dévastateurs de la maladie.
Ne fais confiance à personne est un thriller machiavélique, un polar exceptionnel qui nous captive de la première à la dernière page. Il fait partie de ces polars dont je vais me souvenirs un bon moment. Une vraie claque !
Un printemps décidément capricieux mais quelques jours de beau temps avant un nouveau déluge. Ici c'est un déluge de musique, spectacles ou livres qui nous attend.
Pensez aussi à nous soutenir en suivant nos réseaux sociaux et nos chaines Youtube et Twitch.