Comédie d'Armando Llamas, mise en scène de Philippe Adrien avec Naidra Ayadi, Jean-Pierre Becker Dominik Bernard, Élise Bertero, Sarajeanne Drillaud, Nathan Gabily, Benjamin Guillard, Audrey Lamy, Matthieu Marie, Guillaume Marquet, Solveig Maupu, Alix Poisson et Alexandrine Serre.
Conçu en tableaux, dont certains touchés par la grâce, comme le triptyque "Mantes-la-Jolie" avec Alix Poisson, "Budapest" avec Elise Bertero, "Hiroshima" avec Benjamin Guillard, "Meurtres de la princesse juive" nous entraîne dans une "comédie planétaire", sarabande effrénée et frénétique, entre hyper réalisme et réalité fantasmée.
La personnalité et l'écriture de son auteur, Armando Llamas, a suscité la verve des louangeurs comme des détracteurs. Mais force est de lui reconnaître une vraie écriture et un regard de visionnaire.
Il a su saisir et mettre en scène, à l’instar d’un de ses contemporains André Lagarce mais dans un style plus "movida", toutes les convulsions des années 80 qu'il tisse dans un patchwork échevelé, dissonant et pourtant univoque, comme un collage pictural, et se joue de tous les clichés et tabous.
Llamas immerge ses personnages, souvent archétypaux, à la dérive existentielle et dans la confusion des sentiments, dans un monde borderline aux trajectoires sur le fil du rasoir, d'une culture à l'autre, d'un pays à l'autre. Comme un kaléidoscope réfléchissant à l'infini le monde extérieur, les scènes se succèdent, chacun peut s’y reconnaître, les personnages tournent et se retournent en configurations différentes sans fin comme un hamster dans sa roue. Car Llamas parle de l’humain ordinaire.
L’absurde, la dérision, le burlesque, l’onirisme, le pathétique et la tendresse lucide irisent ce regard sur l’altérité qui annoncent des lendemains au présent identiques.
Philippe Adrien a su mêler théâtralité, réalisme et fantaisie pour animer cette fresque jubilatoire et burlesque absolument enthousiasmante interprétée par une belle brochette de jeunes comédiens.
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