Les
artistes, aujourd'hui nonagénaires, de la Figuration
narrative ont non seulement le vent en poupe mais, bénéficiant
d'une belle vitalité artistique, n'ont pas raccroché
le pinceau.
Ainsi Erro, artiste d'origine islandaise né en 1932,
continue non seulement à peindre mais également
et surtout à pratiquer de manière pérenne
l'art du collage, le collage, constituant au demeurant l'essence
de sa production, qui est ensuite éventuellement transposé
agrandi en peinture.
A l'occasion de la donation qu'il a effectué à
son profit, le Centre Pompidou organise
dans son Cabinet d'art graphique une exposition rétrospectivre
particulièrement jubilatoire intitulée "Erro
- 50 ans de collages".
Le commissaire de l'exposition, Christian
Briend, conservateur en chef au Musée National
d’Art Moderne, a opté pour un accrochage thématique
(qui correspond à la réalité du travail
de l'artiste qui procède par série sur des thématiques
au demeurant récurrentes dans le temps.![](https://www.froggydelight.com/images/mars2010/errro3.jpg)
Dans le white cube que constitue le lieu d'exposition dédié
aux arts graphiques, il a élaboré une scénographie
dynamisée par des cloisons installées en diagonale.
Par ailleurs, des cimaises et panneaux peints en bleu, la couleur
préférée de l'artiste, permettent, de surcroît,
un bel effet esthétique pour mettre en valeur les compositiosn
narratives saturées d'images et de couleurs.
Des ciseaux, de la colle, de l'humour
et un supplément d'âme : de l'art populaire à
l'art tout court
Quand
Erro commence la pratique du collage, art popilaire, il habitait
près d'un dépôt de journaux. Serait-ce l'occasion
qui fait l'artiste ?
Ainsi naissent, au début des années 60, les "mécacollages"
réalisés à partir d'une revue de mécanique
qui rappellent les collages des constructivistes.
Mais le hasard n'existe pas. Il ne faut pa soublier que Erro
a été initié à la technique des
papiers découpés. à l’École
des beaux-arts de Reykjavík et à la mosaique à
Ravenne.
Ensuite, l'artiste détournera toutes les images, des
publicités commerciales aux images de propagandes politiques,
notamment celles des gouvernements communistes, de la Chine
à Cuba, des reproductions d'œuvres d'art à
la bande dessinée, qu'il s'agisse de comics ou de mangas,
pour créer de véritables télescopages tant
visuels qu'idéologiques.
Erro dit pratiquer le collage comme certain l'écriture
automatique. Il découpe avec un ciseau Thiers et, dit-il
: "ça se mélange comme dans un rêve
- un rêve à demi éveillé...".
Ses
principales sources d'inspiration : la conquête spatiale,
la politique, les arts et les comics. Ainsi il épingle
Picasso comme le militarisme américain, juxtapose les
odalisques et le travailleur russe brandissant le portrait de
Lénine.
Oeuvre à part entière, le collage peut constituer
l'original d'un futur tableau comme ces "Viva
la revolution" qui introduisent l'exposition ainsi
qu'un grand collage ("God Bless Bagdad")
présenté sans vitre qui augure d'un nouveau mode
d'accrochage par plots magnétiques.
La diversité des collages exposés permet d'illustrer
les évolutions et explorations menées par l'artiste,
compositions horizontales, verticales, puis superpositions,
portrait mosaique ou panoramique, avec une curiosité
et une sagacité toujours en éveil. |