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Cheyenne-Marie Carron  (avril 2024) 

Réalisé par Cheyenne-Marie Carron. Drame. 1 heure et 48 minutes. Sortie le 24 avril 2024. Avec Daniel Berlioux, Oussem Kadri, Majida Ghomari, Laurent Borel, Gerard Chaillou.

Un nouveau film de Cheyenne Carron !
Pour quelqu'un qui la suit depuis plus de quinze ans et qui a vu d'elle sa quinzaine de films, c'est toujours une joie d'apprendre qu'elle continue à se battre pour tourner et surtout qu'elle a toujours envie de réaliser dans les conditions difficiles, on oserait presque écrire "scandaleuses", qui lui sont réservées. Car ce n'est pas grâce aux "professionnels de la profession", aux généreux donateurs du CNC et aux journalistes qui prétendent défendre les cinéastes, notamment les cinéastes femmes, qu'elle a pu réaliser autant de films et faire œuvre.

Oui, Cheyenne est une authentique autrice qui suplée son manque de moyens en occupant à elle seule la moitié des postes du générique technique et qui ne fait jamais un film pour ne rien dire ou dire ce qu'on attend.

Quand Justine Triet aura quinze films à son compteur, si elle y parvient, on verra si la multiprimée aura un catalogue de films d'une telle cohérence et alignant des thématiques aussi fortes avec un vrai courage idéologique.

Allez, on ne comparera pas "Anatomie d'une chute" et sa petite énigme Cluedo avec "Que notre joie demeure" et son sujet qui interpelle tout humain.

Elle a souvent traité du radicalisme religieux, notamment dans "La Chute des hommes", un de ses meilleurs films dans une filmographie qui ne compte qu'un ou deux films vraiment inférieurs aux autres.

Mais, jusqu'à maintenant, elle n'avait pas utilisé une vraie histoire, un de ces faits-divers qui a glacé les Français moyens et été utilisé par certains au-delà de la décence.

Personne, hélas, n'a oublié le sort tragique du père Hamel assassiné dans son église de Saint-Etienne du Rouvray.Ici, il est joué par Daniel Berlioux qui construit un personnage qui n'est pas une image pieuse.

Cheyenne, selon son habitude, fait parler tous les protagonistes du drame. "Chacun a ses raisons" disait Jean Renoir. Ainsi son film comprend une partie décrivant la vie du prêtre et une autre racontant la dernière année de son assassin, Adel Kermiche. Comme toujours aussi, elle multiplie les discussions avec les entourages des deux hommes. Ainsi, les trois religieuses qui assisteront à la messe sanglante expliquent pourquoi elles ont pris le voile alors que la mère et la sœur de l'assassin discutent de leurs voyages, de leurs passions si loin du chemin pris par leur fils et frère. Troisième personnage du drame, la mère d'Adel, elle aussi interprétée avec beaucoup de finesse par Majida Ghomari, est décrite comme une franco-algérienne, lettrée, tolérante, aimant la culture française et n'ayant pas vu son fils changer après sa sortie de prison. Sans donner d'excuses à celui-ci, Cheyenne montre comment ce garçon sans père a pu dériver sans être pour cela être un "méchant" violent et sanguin. Au contraire, Adel a une voix douce et quand il commence à s'opposer à sa mère, il ne la moleste jamais.

Si Cheyenne quadrille les lieux du crime, avec au centre l'Eglise du père Hamel, à l'aide de "plans au drone", elle trouve la bonne solution pour montrer le passage à l'acte d'Adel. Elle évite habilement la confrontation attendue puisque selon les cinq présents, le prêtre aurait crié "va-t-en Satan" à son agresseur.

Pour la croyante qu'est la cinéaste, et qui le dit clairement dans nombre de ses films, la religion catholique est un hymne à l'amour, pas à la haine. Les islamistes ne sont pas des caricatures et s'ils ont leurs raisons comme on l'a dit, elles sont hélas aussi primaires que leurs pensées. Ils en savent moins sur l'Islam que les prétendus mécréants et leur radicalisation n'est pas une révélation suite à la lecture des livres saints, mais portée par le numérique, à l'image de leur consommation vidéo dont le sommet sera le mariage du "futur martyr" avec une jeune musulmane voilée... en visioconférence.

Pour ce pseudo-biopic du père Jacques Hamel, Cheyenne Carron est restée elle-même : pas question de se laisser aller aux images d'Epinal, ni au film favorable aux cathos les plus réactionnaires. Elle les refroidit en décrivant le beau personnage de la mère d'Adel qui, la pauvre, offre un volume de Voltaire l'athée à son fils en voie d'embrigadement !

"Que notre joie demeure" de Cheyenne Carron s'inscrit parfaitement dans la lignée de son cinéma. On peut même dire qu'il le régénère après quelques films moins universalistes. Après cela, aura-t-elle encore envie d'écrire des lignes supplémentaires à sa copieuse filmographie ?

On espère que le film sera bien reçu, suscitera enfin de l'intérêt de ceux qui, incompréhensiblement, n'ont jamais parlé de ses films et qu'elle ne délaissera pas pour la peinture, ou la parfumerie, ce septième art où sa voix manquerait et où, on en est certain, elle sera un jour reconnue à sa juste valeur.

 

Philippe Person         
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