Le nouvel
album de Massive Attack ressemble énormément
aux précédents. C’est aussi cela le savoir faire d'un groupe
dans la pérennité du son ou de l’univers ; on le reconnaît
au premier coup d'oreille (c'est aussi le cas pour Swell dans un autre genre).
Comme à son habitude, Massive varie les plaisirs et cette fois ci, c'est
la voix de Sinead O’ Connor qui servira de fil rouge
à l’album, mêlée à celle, récurrente
d'Horace Andy.
Musicalement, les ingrédients sont identiques : climat obscure (vite
récupéré par la vague gothique), musique d'ambiance plutôt
que musique de dance floor; rythmes répétitifs et angoissants.
Le seul coté "fun" tient à la voix de Sinead qui, bien
que mélancolique à souhait, parait presque joyeuse par rapport
à son timbre "solo". Mais l’adéquation paraît
artificielle et donne l’impression d’un collage musique/voix, un
remix, plus qu’une chanson. Les voix de Nicolette ou de Liz Frazer se
prêtaient sans doute mieux au son de Massive.L'intro de "Prayer
For England" fait penser quelques instants à une intro éventée
des Pink Floyd pour enchaîner sur une version 2003 de "Safe from
harm".
Mais il serait tout de même un peu injuste et prétentieux de snober
la marchandise ; Massive Attack reste le meilleur groupe de son genre (n'est
ce pas le seul ceci dit ?) et un des meilleurs groupes anglais actuels tout
court. Ce n'est pas le dernier morceau de l'album, intitulé « Antistar
», qui empêchera Massive Attack de devenir une star pour se produire
dans les plus grandes salles , ce même groupe critiqué, il y a
quelques années, pour leur piètres prestations live où
il se bornait à un jeu de pousse boutons. |