Le samedi, il semble que les spectateurs soient un peu plus nombreux, et la raison est peut-être la tête d’affiche : The National. Mais avant le plat principal, il y a les entrées.
Les premiers à passer sont The Orwells. La force des albums du jeune groupe de Chicago n’est rien en comparaison avec leur son en live. Le chanteur, Mario Cuomo est un véritable frontman, imprévisible et drôle. Le reste des musiciens demeure tranquille, au deuxième plan, pendant que lui fait son show : des grimaces et sourires de psychopathe, il se jette par terre, vers le public, ouvre une canette de bière avec les dents… Il ne néglige pourtant pas sa part de musicien et dégraine les paroles de "Blood bubbles", "Other voices" et "Mallrats (La La La)" au son accéléré des riffs de guitare.
The Kooks arrivent par la suite avec leur pop britannique. Comme des automates, sans faire grande attention à l’auditoire, ils font leur concert et partent, sans peine ni gloire.
Enfin, c’est le tour de The National. Enfin. Ils sont accompagnés par Sufjan Stevens, au cas où Matt Berninger, le chanteur, ne puisse pas finir le set. Le concert commence avec "Don’t Swallow The Cap" et "I Should Live In Salt" de leur dernier album Trouble Will Find Me. La mélancolie s’installe dès les premiers coups de batterie de Bryan Devendorf dans "Sorrow". S’en suivent d’autres tracks de High Violet comme "Afraid Of Everyone" et "Conversation 16". Ils intercalent des morceaux de leur dernier album, "I Need My Girl", "Pink Rabbits" ; et de leurs anciens LPs, "Ada" et "Apartment Story".
Les sourires sur les visages des guitaristes Bryce et Aaron Dessner indiquent qu’ils sont de plus en plus à l’aise sur scène. Au contraire, Berninger accumule ses anxiétés pendant la performance : il fait les cents pas quand il ne doit pas chanter le regard vers le sol, s’accroche à son pied de microphone comme si sa vie en dépendait, se frappe avec le micro, regarde à peine le public. C’est avec "Graceless" que son Mr. Hyde personnel commence à apparaître : il se jette par terre, se recroqueville sur les amplificateurs, puis se lève et fait semblant de s’approcher du public. En chantant, il paraît être en train d’expulser ses démons et ses angoisses.
Le calme revient sur scène temporairement avec "About Today" et "Fake Empire". Le rappel commence avec "Mr. November", et Berninger, à la surprise de tous, saute sur le public. Il le fait tout en continuant à chanter "Terrible Love". Il revient, en sueur, souriant, la chemise déboutonnée et tâchée de rouge à lèvres. La version acoustique de "Vanderlyle Crybaby Geeks" clôt le setlist. Les musiciens laissent la place au public qui, entre rires et larmes de joie, entonne les paroles : "Leave your home, change your name…" |